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29 sept. 2009

Mademoiselle Bio ouvre boutique !

Déjà acteur majeur du bio sur le net, Mademoiselle Bio a ouvert un magasin 'réel' dans le 7e arrondissement, dédié à la beauté bio. Cet espace de 55m² accueille une sélection de marques bio de maquillage, de soin et de parfum bio, avec des marques phares et des nouveaux venus, à l'image du site web. Pour ceux qui sont intéressés, j'avais interviewé sa fondatrice Violette Watine en 2007, c'est ici.

Cette évolution du site on-line au off-line est intéressante. Autre acteur cosmétique du net, Lecomptoirdelhomme, spécialisé dans les soins et parfums pour hommes, a également élargi son concept avec l'ouverture d'une boutique l'an dernier. Ce passage du virtuel au réel était rendue nécessaire par le contrat sélectif, qui interdit - théoriquement - aux marques sélectives d'être vendues par les pure players du net qui n'ont pas au moins une boutique off-line. C'est aussi une manière de concrétiser le concept, de lui donner corps dans un autre type d'espace, et d'attirer une autre clientèle.

Et vous, pour vos achats de cosmétique, vous êtes plutôt on-line ou off-line ?

Source : cosmeticnews

3 août 2009

Les soins solaires, c'est l'enfer !

La protection solaire est un marché extrêmement complexe : difficile pour les marques de s'y faire une place au soleil ! Je ne vous apprends rien : c'est un segment ultra-saisonnier, toutes les nouveautés surviennent sur le marché en même temps, toutes les animations commerciales sont concentrées sur la même période, alors même que le consommateur va acheter un nombre très limité de produit... Bref, c'est l'enfer ! La distribution, surtout sélective, se montre d'ailleurs méfiante vis-à-vis de ce marché imprévisible, lié aux aléas de la météo et sur lequel, une fois passée la saison, le stock restant est invendable.

Tout l'enjeu est de faire la différence en une saison. Et de se renouveller chaque année.

La règlementation s'est récemment durcie pour uniformiser le système des indices, et les marques ont répondu à cette contrainte en augmentant leur offre sur les indices plus élevés. Même si chaque marque a une image plus ou moins sérieuse qui va jouer sur la confiance du consommateur, la différenciation produit ne peut se jouer sur le niveau de protection puisque les indices sont uniformisés. Les besoins sont d'ailleurs assez basiques a priori. Mais en parallèle, la formulation s'améliore pour des textures plus légères, plus agréables etc...

Conséquence, plus les acteurs ont une légitimité forte sur le sérieux et la performance (en mass et en pharmacie), plus ils mettent d'ailleurs l'accent sur le plaisir pour élargir leur promesse : Garnier avec sa gamme de laits 'Léger & Soyeux' ou son lait amplificateur de bronzage, Nivea avec son spray invisible... A l'autre extrêmité, les marques du selectif s'attachent à renforcer leurs gammes sur les indices élevés, comme pour contrarier leur image trop... frivole ?

Sous-segments : enfants, bio, UV...

Le marché est par essence limité. Pour susciter l'intérêt et valoriser l'offre, il est naturel de proposer de nouvelles segmentations. Lancaster, référence solaire du selectif, en a fait sa stratégie : chaque année, la marque lance de nouvelles mini-gammes pour élargir son emprise, cette année avec Sun Men et Sun Sport (après les solaires premium, le maquillage solaire, les solaires minceur etc...). Les gammes Enfants sont désormais incontournables, notamment en mass où de nombreuses nouveautés sont proposées (Garnier, Nivea...). La vague verte touche bien sûr également le solaire, des petites marques (H2O, Lovea) étant actives sur le segment avec des gammes bio. Clarins et Shu Uemura renforce le marché de la protection 'city' avec des produits UV (UV Armor, UV Plus), petites flaconnettes contenant des filtres à utiliser en ville plutôt que sur la plage, directement adaptées de l'Asie où ces produits cartonnent.

Vive le 2 en 1

Le 2 en 1 est un outil de différenciation. Le selectif en use notamment pour justifier son positionnement prix. Les après-soleil, soins plaisir par excellence, ont ainsi la cote : SOS Coups de Soleil chez Clarins, Lait prolongateur légèrement auto-bronzant chez Sisley... Même esprit plaisir pour le Gloss Cristal protecteur de Biotherm. Le super luxe n'est pas en reste, avec la gamme premium Re-Nutriv de Lauder qui s'enrichit d'une mini-gamme solaire anti-âge, dans la lignée de Sunleÿa (Sisley) ou Absolue (Lancôme).

Le 2 en 1 est également présent en pharmacie, incarné par Somatoline et son amincissant solaire, ou l'anti-taches brunes Melascreen. En mass, L'Oréal Solar Expertise mise également sur l'anti-taches brunes.

S'agissant des nouveautés produit, on voit donc bien les lignes de force qui structurent le marché : la performance (pas uniquement en terme de protection, comme l'indique le développement des produits 2 en 1) et le plaisir, aidé par l'amélioration des formulations. Le segment des solaires est très révélateur de l'inspiration des marketeurs pour animer et faire vivre un marché a priori morne, basique et sans grande possibilité de croissance. A méditer sur bien d'autres segments dits 'basiques' ! Sans doute le démaquillage, les soins du corps, le maquillage des ongles et quelques autres doivent bénéficier de la même créativité marketing pour se faire une place de choix dans les linéaires et dans le coeur des consommateurs.

Il est temps pour moi de faire les valises pour la trêve estivale, je vous retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures. Je vous souhaite à tous un très bel été.

Crédit photo : Getty Images

28 mars 2009

S'il n'en reste que deux...

C'est NPD US qui le dit : dans le marasme économique qui s'est emparé de toute l'économie américaine - et mondiale - fin 2008, et en particulier le marché des soins visage et corps, deux catégories ont pu tirer leur épingle du jeu. Surprenant, ou pas surprenant, selon le regard qu'on leur porte.

D'un côté, le bio : oui, si le consommateur fait une croix sur pas mal d'achats superflus s'agissant de son apparence, le bio apparait encore une valeur refuge, authentique, une réponse éthique au "sur-consommer" (et "mal consommer").
Et à l'autre bout de la chaine, le premium (la catégorie démarre pour NPD à 70$, ça reste donc à nuancer), l'ultime achat plaisir, le dernier rempart du luxe accessible quand il faut oublier le reste - la mode, les montres, la joaillerie...?-.

Bref, il va falloir se mettre au premium bio...

6 janv. 2009

Ce qui marche malgré la crise, selon Enjeu-Les Echos

Bonne année !

Pour bien démarrer, Enjeux-Les échos consacre dans son dernier numéro un dossier à "ce qui marche malgré la crise". Certaines activités concernent (ouf !) de près ou de loin la beauté :
- les sites de vente privée, type vente-privée.com, et dieu sait si ces derniers temps même des marques majeures de la cosmétique et du parfum se sont montrées actives sur ces sites pour destocker rapidement et relativement discrètement, comme je l'ai évoqué ici (le luxe discounte en douce). Voilà qui offrira des débouchés tandis que les circuits traditionnels s'enfoncent dans la morosité;
- les équipements spa à domicile, type balnéothérapie, qui se développe au rythme de +30% par an, soulignant que la demande de bien-être reste toujours pregnant;
- et ô surprise, la cosmétique bio, avec l'exemple de Weleda et ses 15% de croissance annuels dans un marché global presque stagnant. D'une manière générale, la beauté bio et naturelle ne représente que 3% du marché mais croit de 30 à 40% par an.

Et selon vous, le bio va-t-il disparaître, perdurer, voire dominer la cosmétique ? Répondez au sondage dans la colonne de droite !

10 nov. 2008

Parfums bio Honoré des Prés : la raison et l'émotion

Après plusieurs marques comme Melvita, L'Artisan Parfumeur, Tsi-La, Rich Hippie, une nouvelle marque s'attaque au parfum bio : Honoré des Prés, des parfums organiques 100% naturels, certifiés Ecocert, créés par la parfumeuse Olivia Giaccobetti. Cinq parfums ‘bios’ seront lancés le 21 novembre dans la Scent Room du Printemps, l'espace dédié aux marques de niche, avec un positionnement luxe : de 125 à 150 euros les 100 ml.

A priori on est dans la confrontation de deux logiques bien distinctes, paradoxales : d'un côté l'univers rationnel du bio, qui suppose d'entrer dans des détails très concrets de formulation, de labels... et de l'autre, l'univers émotionnel du parfum de niche, où on est davantage dans une alchimie secrète, impénétrable. C'est pratiquement une logique inverse par rapport à ma note précédente : d'un univers de raison qui utilise l'émotion comme vecteur (le soin en version collector) à une univers d'émotion qui s'attache à utiliser un vecteur rationnel (le parfum en version bio).

En fait, c'est la convergence de deux tendances de fond :
- d'un côté, un bio d'émotion, qui s'appuie sur les évocations très fortes que nous renvoient la naturalité (douceur, cocoon...), pour s'éloigner du simple bénéfice fonctionnel du bio et le valoriser par un supplément d'âme, de rêve, de création... justifiant un prix élevé. C'est particulièrement important dans un contexte de lancements de gammes bio bon marché par les distributeurs, qui peuvent à terme banaliser le bio.
- de l'autre, une approche parfum rationnelle que toutes les (grandes) marques adoptent peu à peu, qui valorise, au-delà du décorum marketing (nom, pack, pub), le travail artisanal du parfumeur, le choix de belles matières précieuses. En un sens, à la manière de l'oenologie, distinguer le bon vin de la piquette pour le néophyte.

Source : Osmoz

13 août 2008

Bio et distribution : pour le meilleur ou pour le pire ?

On se réjouissait initalement de voir la cosmétique conventionnelle investir dans des petites marques bio : Clarins avec Kibio, L'Oréal avec Sanoflore, Yves Rocher avec Terre d'Oc... Bien sûr, certains peuvent légitimement se méfier de l'arrivée du 'grand capital' dans l'univers préservé du bio, mais, pour les tenants d'une démocratisation du bio, ces partenariats doivent apporter de nouveaux moyens de développement à ces marques, et permettre au bio de gagner en visibité. En revanche, Mademoiselle Bio s'inquiète de l'entrée des marques de distributeur sur le bio et je dois convenir que je partage son inquiétude.

Je l'ai déjà indiqué sur ce blog : pour les consommateurs, le scénario idéal serait que le bio s'impose progressivement comme une norme du marché. D'abord promu par de petites marques alternatives, le bio serait repris et développé par de grandes marques du selectif, de la pharmacie, puis de la grande distribution, qui sauraient le marketer pour le faire connaître et apprécier de tous, puis, en fin de course, les distributeurs s'empareraient du bio pour leurs marques à petit prix. Cette évolution serait moins sans doute moins en phase avec la philosophie bio, mais au moins serait-elle a priori positive pour le consommateur, dont l'accès au bio serait grandement simplifié et encouragé. Les grandes marques ont sans doute tardé à surfer sur la vague bio, toujours est-il que rien ne se passe comme prévu... et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.


Avant l'été, les médias spécialisés ont salué plusieurs initiatives de grands acteurs de la distribution cosmétique dans l'univers du bio : Marionnaud, Carrefour, Sephora, rejoints par Yves Rocher en octobre 2008 avec la ligne "Culture bio". Rappelons que, ironie de l'histoire, le fameux reportage d'Envoyé Spécial qui avait 'lancé' la vague bio en France il y a quelques années avait justement épinglé Yves Rocher sur le thème du vrai-faux bio : serait-ce une revanche sur cet épisode difficile pour la marque ?

La distribution tue-elle une potentielle poule aux oeufs d'or ?

Certains seront choqués de voir ainsi le bio transformé en un simple marché, loin de sa philosophie initiale. A l'inverse, on peut se réjouir de cette démocratisation rapide du bio, dont l'offre à petits prix des marques de distributeurs ne cesse de s'élargir. Mais même pour ceux qui approuvent cette large diffusion du bio, le tableau n'est pas tout rose :

- premièrement, la souplesse des critères bio autorise certaines entourloupes que ne manqueront pas d'exploiter certaines sociétés peu scrupuleuses pour minimiser la présence réelle de composants bio, au risque de porter le discrédit sur l'ensemble du segment. Lire ici une note pour le moins enervée sur le sujet, et une autre plus générale sur les problèmes d'authentification des démarches bio.

- deuxièmement, cette offre très bon marché et assez banale peut mettre en difficulté l'économie d'un secteur avant tout représenté par des PME, rendant le marché moins attractif pour les entreprises de cosmétique conventionnelle qui hésiteront avant de s'y engager. Or le bio n'a pas à mon sens vocation à rester dans sa petite forteresse : s'il est bon pour le consommateur, il doit prendre de plus en plus d'ampleur, et cela passera par son adoption par toutes les marques majeures du secteur... Du coup, ce qui pourrait devenir une norme de marché peut parfaitement (re)devenir marginal.

7 mars 2008

Le Secret Naturel : de la savonnerie à la cosmétique bio

La savonnerie bio Le Secret Naturel s'est diversifiée pour devenir un acteur dynamique de la cosmétique naturelle, avec pour particularité de cibler les magasins "bio", la vente à domicile et les parfumeries au travers de trois marques distinctes (Oléanat, Originat et Elicey). Frédéric Arnaud, responsable des relations commerciales, a répondu à mes questions sur l'histoire récente de la société et ses perspectives.

Comment est née la société "Le Secret Naturel" ?
Frédéric Arnaud : Le Secret Naturel a été fondée en 2002 par Janine Blanchard et André Arnaud, experts dans les huiles végétales depuis plus de 15 ans. Alors que l’activité de savonnerie était sur le déclin en France, ils ont décidé de relever le défi en créant la première savonnerie artisanale utilisant uniquement des huiles biologiques pour fabriquer les savons. Cela a très bien fonctionné et la fabrication s’est alors diversifiée : huiles de massage, savon liquide, shampooing, beurre de karité, baume lèvres…. . Aujourd’hui le Secret Naturel est l’un des rares fabricants indépendants de cosmétiques biologiques en France.

Parlez-nous d'Oleanat, qu'est-ce qui fait la spécificité de cette marque ?
FA : Durant ces cinq dernières années, les deux associés ont ensemble développé la marque Oléanat en la positionnant comme la première marque de produits d’hygiène corporelle biologique pour la famille. Elle est certifiée par Ecocert avec le label Cosmebio. Nous venons également d’obtenir la certification One Voice, certification qui nous oblige à nous assurer que nos matières premières n’ont pas été testées sur les animaux.

Les labels existants sont-ils suffisamment connus du grand public, et suffisamment internationaux ? Par exemple, il n'existe pas aujourd'hui de label bio mondial...
FA : La difficulté majeure des labels c’est précisément leur diversité avec des référentiels non homogènes. Le débat tourne alors souvent autour de « quel est le meilleur ? ». A mon sens, il faut dans un premier temps faire de la pédagogie. Il est nécessaire de réexpliquer ce qu’est la cosmétique conventionnelle, la cosmétique naturelle et la cosmétique biologique.

La création d’un label mondial est une idée intéressante mais peu réaliste aujourd’hui … nous pouvons souhaiter, non pas une harmonisation des labels, mais plutôt la création de passerelles entre ces derniers. Prenons un exemple : le label ECOCERT , de plus en plus connu en France, n’a pas encore de visibilité assez grande aux Etats-Unis. Le consommateur américain rechercha d’abord un cosmétique bio avec le label « USDA ORGANIC ». Créer une passerelle entre Ecocert et Usda Organic reviendrait à permettre aux produits labellisés Ecocert de pouvoir mettre sur les emballages le logo USDA ORGANIC.

Comment avez-vous construit la gamme Oléanat ?
FA : La gamme Oléanat compte aujourd’hui pas loin de 100 références. Elle est construite autour d’une large offre de savons solides, de savons liquides, de gels douche, de shampooings. Autour de ces produits gravitent les huiles vierges biologiques ( amande douce, rosier musact… ) , les huiles essentielles biologiques ( lavande, ylang-ylang… ), le beurre de karité bio, le baume lèvres bio.

En quoi consiste votre partenariat avec Kalisterra ?
FA : Kalisterra est notre nouveau partenaire distributeur pour le réseau des magasins bio en France depuis le mois de Janvier dernier. Auparavant nous étions distribués par l’huilerie Emile Noel, qui a décidé de lancer sa propre marque de cosmétiques.

Parlez nous d'Originat, comment se positionne la marque par rapport à Oleanat ?
FA : Originat est une gamme de produits cosmétiques naturels et biologiques à destination de la vente à domicile. Nous avons démarré l’activité il y a quelques mois dans notre région d’Avignon et les débuts sont encourageants.

Qu'en est-il d'Elicey, troisième marque de votre portefeuille, et destinée aux parfumeries et institut de beauté ?
FA : L’information est encore confidentielle, mais je vais faire quelques révélations aux lecteurs de Cosmeo Blog. Elicey est une marque que nous avons construite pendant plus d’un an et demi, avec beaucoup de recherche et développpement. Sa sortie est prévue dans quelques semaines et elle sera positionnée comme la première gamme de cosmétique urbaine biologique aux actifs anti-pollution.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?
FA : Nous sommes présents surtout en Europe du Nord, et travaillons en ce moment au développement du marché Américain. Nous voulons rester clairement une entreprise familiale indépendante dans un contexte de croissance externe des grands groupes de cosmétiques. Notre mission est de répondre aux besoins de chacun de nos clients en matière de produits d’hygiène et de soins biologiques en leur garantissant l’origine des matières premières, le mode de production et la sûreté de nos cosmétiques.

Comment voyez-vous l'avenir de la cosmétique bio ? Est-ce une nouvelle norme à laquelle toutes les marques vont-elles devoir progressivement se plier ?
FA : Le développement du marché de la cosmétique bio en France va sans nul doute s’accélérer dans les années à venir, mais le marché restera confidentiel du fait de la rareté des matières premières. Les petites marques bio cohabiteront avec les grandes marques de cosmétiques conventionnelles et vivront leur vie … !

Crédit photo : Le Secret Naturel

27 janv. 2008

Développement durable : selon le WWF, le luxe peut mieux faire !

"What are you made of" demande les stars dans les publicités des montres Tag Heuer. Le WWF retourne la question à l'industrie du luxe en publiant Deeper Luxury, une étude dédiée aux marques de luxe jugée à l'aune du développement durable. Le rapport considère que ces marques ont une influence réelle sur les aspirations et les comportements des consommateurs, ce qui leur confère une responsabilité particulière.

Quelques points majeurs, simplement traduits du résumé de l'étude :

Nouveaux consommateurs du luxe - L'élite mondiale change, sa définition du succès également. La valeur statutaire du produit de luxe est toujours fondamentale, mais les attributs de ce statut change : le produit doit de plus en plus exprimer les engagements personnels de celui qui le possède. Si cette tendance est particulièrement forte en occident, les pays émergents ne sont pas en reste.

Nouveau marché du luxe - Le développement durable s'avère essentiel pour répondre aux challenges stratégiques auxquels les marques de luxe doivent faire face : démocratisation du luxe (la rareté parait difficile à préserver, mais la valeur ajoutée de la marque peut s'incarner dans des engagements sociaux et environnementaux lui offrant davantage de profondeur), risque de tensions sociales dans les pays pauvres où le luxe est vu négativement comme une menace à la cohésion sociale (le luxe peut alors gagner à démontrer sa capacité à générer du bien-être non seulement pour ses consommateurs, mais pour la communauté en général).

Le rapport établit une notation (de A à F) des 10 principaux groupes de luxe, fondé sur les informations délivrées par les marques, les médias, les ONG. La meilleure note revient à L'Oréal, et il s'agit d'un... C+. Suivent Hermès, LVMH... Globalement, il semble que les marques de luxe soient plutôt moins investies que celles des autres secteurs. Autre originalité : le WWF s'intéresse aux stars qui prêtent leur image aux marques, les appelant à s'assurer des performances sociales et environnementales des marques qu'elles défendent, ou à faire pression sur les entreprises dont elles sont porte-parole pour qu'elles fassent évoluer leur action.



Selon ce rapport, les marques de luxe doivent davantage justifier leur valeur dans un monde où les ressources se raréfient et les inégalités s'accroissent. Elles n'ont pas été à la pointe des politiques de développement durable jusqu'à présent, il est temps pour elle d'exprimer leur différence par un engagement plus ferme dans les domaines sociaux et environnementaux.

Je vous conseille vivement la lecture du rapport ici, tant pour la justesse de l'analyse des problématiques marché et consommateur que, bien entendu, pour les injonctions formulées en faveur du développement durable. La nouvelle définition du luxe proposée ne manque pas d'intérêt, puisque le luxe continue à chercher se qui fait son essence et sa légitimité dans les évolutions actuelles du marché.

Le sujet du développement durable reste à l'évidence traité par-dessus la jambe par bien des entreprises (et pas uniquement dans l'univers du luxe, même si le luxe est une bonne cible médiatique pour les ONG), tant que les conséquences en terme de business restent floues. On m'a dit que le message était difficile à faire monter au haut d'états-majors 100% quinqua et masculins, cible apparemment moins sensible aux discours sociaux et environnementaux. Pourtant j'ai eu ces derniers temps plusieurs fois des informations convergentes, des signes marquants que les impacts business commenceraient à se faire sentir : telle star qui décline l'offre d'une marque pour se consacrer à une cause humanitaire (plus juteuse en terme de retombées média !), tel soin ultra-luxe vaguement boudé par les journalistes parce que le packaging est totalement anti-écolo, etc... Si le business commence à en pâtir, les stratégies sauront se réorienter. Et avant que l'activité soit directement concernée, les marques peuvent saisir l'opportunité de faire de ces évolutions un vecteur de valeur ajoutée, de différenciation.


Qu'en pensez-vous ?

Crédit photos : Corbis / WWF - issu de LuxuryCRM

18 déc. 2007

Anne Le Turnier, Cosma Terra : "il n’y a pas de raison que le bio ne reste qu’une affaire de femmes."

Anne Le Turnier, fondatrice du site marchand bio Cosma Terra, avait déjà répondu à mes questions il y a quelques temps sur son site. Elle revient sur les performances du site et ses plus récentes évolutions.


Comment se porte Cosma Terra ?
Cosma Terra se porte bien. En 2007, nous devrions quadrupler le chiffre d’affaires de 2006. Nous avons recentré nos investissements sur le développement de notre activité en ligne. Ceci nous a permis de lancer un certain nombre de nouveautés en fin d’année : une rubrique de coffrets-cadeaux beauté et bien-être bio avec une trentaine de thématiques pour tous les goûts et tous les budgets, de revoir le format de notre homepage et nos newsletters, de proposer aux internautes de choisir les échantillons qu’ils souhaitent à la fin du processus de commande et enfin de lancer un site dédié aux hommes et un blog vidéo.

Nous avons également élargi notre offre de marques. Nous avons commencé avec 7 marques, nous en avons désormais presque une quinzaine, dont 3 avec des accords particulièrement privilégiés (Patyka, SheerinO’kho et Kaeline). Nous restons cependant vigilant quant à la complémentarité de ces marques entre elles et à leur cohérence par rapport au positionnement moyen-haut de gamme du site. Ceci nous semble indispensable pour que l’offre reste clairement lisible par le client.

Vous créez Cosma Terra-Homme : les hommes sont-ils receptifs au bio ?
Les hommes représentent aujourd’hui environ 10% de notre clientèle. Avant même le lancement du site, nous avons remarqué que de plus en plus d’hommes achetaient sur notre site. Cependant, il faut admettre que pour l’instant les hommes sont surtout sensibles aux problèmes d’environnement, qui leur semblent être un sujet plus « sérieux ». Mais quand on leur parle de « cosmétique bio », ils ont tendance à ne pas se sentir tellement concernés sous prétexte qu’ils en utilisent moins que les femmes. En fait, ils oublient qu’ils utilisent tous les jours des mousses à raser, des shampooings, des gels douches et des savons de l’industrie conventionnelle, avec les risques que cela suppose peut-être sur l’environnement et sur la santé, voire sur la fertilité. De plus, beaucoup d’hommes sont encore méfiants quant à l’efficacité des cosmétiques bio : pas de publicité, peu ou pas d’articles dans leurs magazines préférés et pas de copain à qui en parler. Il y a donc un gros travail d’information à faire auprès des hommes, mais il n’y a pas de raison que le bio ne reste qu’une affaire de femmes.


Avez-vous conçu différemment le site masculin du site féminin pour mieux vous adresser aux hommes ?
Bien entendu, nous avons créé un univers graphique plus masculin que celui de Cosma Terra, avec des tons gris taupe. Mais surtout, partant du principe qu’il y a un travail de pédagogie et de conseils plus important à faire auprès des hommes, nous avons créé une nouvelle rubrique qui leur est exclusivement dédiée. Elle s’intitule « Vos problèmes, nos solutions bio » et répond de manière « naturelle et bio » à diverses questions que les hommes se posent : Que faire un lendemain de fête ? Peut-on éviter de perdre ses cheveux ? Comment faire dix ans de moins ? etc…Nous avons rédigé ces articles avec l’aide d’une esthéticienne-naturopathe, Françoise Caravella.


Vous avez également créé un blog, que doit-il vous apporter ?
Il s’agit du blog d’un genre un peu particulier puisque c’est un blog constitué essentiellement de vidéos. Il traite de beauté, de bien-être et d’environnement. Nous réalisons nous-mêmes des vidéos avec des interviews de nos fournisseurs, clients et partenaires. Nous y ajoutons des vidéos trouvées sur le web ou échangées avec des partenaires. Ceci nous permet d’élargir le sujet et parfois de le traiter sous un angle plus humoristique ou plus artistique.

Nous aimerions que cela permette aussi aux clients de connaître autre chose de nos marques et de nos produits que les fiches techniques du site : mettre un visage sur le nom d’une marque, voir un produit mis en scène, trouver une recette d’utilisation, etc... Vis-à-vis de nos marques, le blog est un outil supplémentaire pour nous aider à consolider nos partenariats, voire à négocier de nouvelles exclusivités. Enfin, nous voudrions développer de nouveaux modes de recrutement de clients, notamment sur la cible masculine (plus friande de Dailymotion par exemple que les femmes).


Comment va évoluer le contenu du blog ?
Nous allons poursuivre les interviews de nos fournisseurs, ainsi que d’autres acteurs de secteurs liés au développement durable. Nous aimerions aussi partager davantage d’expériences vécues avec des recettes, des soins et des témoignages. Les contributions seront donc les bienvenues.

Crédit photo : Cosma Terra

24 nov. 2007

Nuxe s'engage pour un monde plus bio

C'est une initiative marquante pour le circuit des pharmacies : Bio Beauté n'est pas la première gamme bio vendue en officine, mais lorsqu'un tel lancement est réalisé par l'un des leaders du circuit, on s'attend évidemment à ce que cela change en profondeur la vision du bio pour les pharmaciens et leur clientèle. Et Nuxe est l'une de ces marques qui comptent dans l'univers de la pharmacie : comme sa concurrente Caudalie, elle a su créer et promouvoir ce créneau porteur du naturel glamour, alliant le sérieux scientifique de la pharmacie et le charme du circuit sélectif.


"Quand le monde est plus bio, les femmes sont plus belles", tel est le slogan de Bio Beauté by Nuxe. L'objectif affiché : réconcilier bio et glamour, fidèle à l'esprit Nuxe. Les formules, uniquement des textures huile visage et corps, sont exclusivement réalisés à base d'ingrédients d'origine naturelle, 98% des ingrédients sont issus de l'agriculture biologique, avec certification Ecocert. Le choix des huiles est guidé, j'imagine, par les contraintes de conservation des produits bio, mais c'est évidemment aussi une référence au best-seller de Nuxe, la fameuse Huile Prodigieuse. Les packs (verre, papier recyclé) viennent évidemment confirmer l'esprit écolo de la gamme. Le graphisme brut rappelle par exemple celui de l'Occitane, le logo Nuxe s'y fait trés discret. Le manifeste fondateur est d'ailleurs différent de celui de Nuxe : sur chaque étui, une charte baptisée le pacte Bio-Beauté, indique sur quels engagements (éthique, mais aussi plaisir, efficacité...) s'appuie ce lancement. Bref, plus qu'une nouvelle gamme Nuxe, c'est une nouvelle marque qui est ainsi lancée.

J'ai eu la chance de la découvrir en recevant, par le biais de la sympathique équipe de BuzzParadise, la gamme complète : 4 huiles pour le visage (démaquillante, hydratante, clairifante, apaisante), 3 huiles pour le corps (relaxante, raffermissante, nourrissantes). Ce choix d'une campagne buzz destiné aux bloggeurs me parait doublement cohérente :
- parce qu'Internet et les blogs sont un relais essentiel du mouvement bio, et qu'on s'adresse ainsi directement aux personnes déjà concernées, le challenge étant maintenant de séduire les clients habituels du circuit pharmacie qui ne sont pas dans une démarche bio;
- parce que l'une des réticentes courantes vis-à-vis du bio est l'impression que les textures ne vont pas être à la hauteur : amener des bloggeurs à tester les produits et parler de leur expérience, c'est déjà aider à lever cette barrière. J'ai distribué les produits autour de moi, les premiers commentaires sont très bons ! Aucune crainte à avoir de ce côté-là.

A n'en pas douter, ce lancement est un signe fort pour le déploiement du bio dans le circuit pharmaceutique, comme l'a été le rachat de Sanoflore par L'Oréal. En cas de succès, les autres grands acteurs du circuit devraient vraisemblablement emboiter le pas de Nuxe.

Crédit photo : Nuxe

2 nov. 2007

L'industrie cosmétique en 2020 : 6 tendances qui façonneront l'avenir de la beauté

Prédire l'avenir ! C'est un exercice délicat auquel se livre le magazine pro ICN (International Cosmetic News) pour son 100e numéro. Pas tout à fait de l'art divinatoire quand même, puisque cette prospective s'appuie essentiellement sur les tendances déjà présentes appelées à se renforcer dans les dix ou vingt prochaines années... Et je trouve ça passionnant.

Selon ICN, les sujets de discussion des acteurs du marché n’ont guère changé depuis le milieu des années 90 (je n'étais pas né... enfin, pas encore tombé dans l'univers de la cosmétique, en tout cas) : trop de lancements qui étouffent le marché, trop de promotions qui dévaluent le prestige des marques, trop de marché parallèle qui permet à des produits de luxe d’atterir dans des boutiques bas de gamme… et les marques continuent pourtant à construire leur business sur ces mêmes bases.

6 grands mouvements sont à prévoir. Rien de particulièrement surprenant, et pourtant, ICN confie que nombre de responsables de marque étaient incapables de donner leur vision à 10 ou 20 ans lorsqu'ils ont été interviewés dans le cadre de cet article. Et pourtant, il me paraît être le coeur de leur métier de savoir se projeter à long terme et donner la juste impulsion à la marque dont ils ont la charge pour qu'elles se positionnent de manière intelligente par rapport à ces évolutions !

MARQUES
Concentration - ICN prévoit la disparition des acteurs indépendants de taille moyenne, tel Clarins, Sisley, Puig (Nina Ricci / Paco Rabanne...), Beiersdorf (Nivea), absorbés par des groupes plus importants. Voilà qui devrait réjouir les dirigeants actuels de ces groupes ! Et à l'intérieur de ces marques, en raison du coùt que représente le lancement d'une nouvelle ligne, la tendance des lancements de nouveautés intégrés à des masterbrands ou franchises déjà établies ("flankers" en parfum notamment) sera confortée, dans cette même logique de concentration.
Dissémination - A l’inverse, la concentration des marques au sein des grands groupes laissera d'autant plus de place à de petits acteurs agiles, prêts à développer des niches de marché que les groupes importants auraient du mal à gérer, ou à des acteurs issus d'autres univers, comme Danone avec son yaourt beauté Essensis.

DISTRIBUTION
Concentration -
La distribution a déjà connu un grand mouvement de concentration, notamment avec AT Watson rachetant différentes chaines de parfumeries à travers l’Europe (dont le leader français Marionnaud), ou la fusion des grands magasins Federated et May aux Etats-Unis, et bien sûr cela ne devrait pas être terminé.
Dissémination - Le phénomène le plus intéressant, et déjà très largement visible aux Etats-Unis, et la concurrence de plus en plus vive d’autres formats de distribution qui font de la cosmétique leur (nouvelle ?) spécialité : pharmacies, spas, salons, magasins de mode en tout genre, magasins spécialistes du naturel, sites d’e-commerce généralistes… C'est là, dans cette concurrence diversifiée et multi-canaux, que pourrait se jouer une partie de l'avenir des marques.

CONSOMMATEURS
Nouveaux consommateurs - Pour toutes les marques, la croissance se fera aussi par de nouveaux consommateurs : les hommes, les seniors, et bien entendu les pays émergents. Jean-Paul Agon, président de L’Oréal, estime ainsi que chaque année, 70 millions de nouveaux consommateurs d’Europe de l’Est, d’Asie, d’Inde, d’Amérique Latine et d’Afrique ont les moyens d’accéder aux produits des marques du groupe. Le réservoir parait (pour le moment du moins) illimité ! Une bonne nouvelle, particulièrement pour les marchés matures comme le parfum… à condition de savoir s’adapter à une demande qui sera sensiblement différente de celles des marchés dominants actuels. Un vrai challenge.
... et consommateurs nouveaux - Mais même les consommateurs "connus" changent ! Car la relation avec le consommateur change : il s’agit de créer un nouveau lien où le consommateur serait lui-même un acteur de la marque. Vaste question, fortement influencée par le développement d’Internet, des blogs, des nouveaux medias d’une manière générale. L’industrie doit de toute façon apprendre comment développer l’expérience consommateur, remettre du fun, du glamour, du luxe dans la beauté. Indispensable pour un avenir prometteur.

Crédit incono : Cosmedias

22 oct. 2007

Revendications cosmétiques : la fin des chiffres ?

L'ASA, l'autorité de contrôle des publicités au Royaume-Uni, est réputée pour sa sévérité s'agissant des revendications des marques cosmétiques. L'Oréal Paris en fait les frais : dans sa pub Telescopic avec Penelope Cruz, la marque est accusée de promettre un allongement des cils jusqu'à 60%, sans préciser qu'il s'agit simplement de l'apparence des cils (ah bon, les cils ne se mettent pas à pousser ??) et sans indiquer que l'actrice porte des faux-cils (au cas où le doute aurait été possible). La marque a été contrainte d'indiquer que Penelope Cruz portait "quelques faux-cils individuels dans cette campagne, [...] une pratique commune dans ce domaine [...] pour s'assurer d'une bonne tenue des cils lors des tournages et prises de vue". Résultat, à l'avenir, les faux-cils feront l'objet d'une mention sur la publicité...

Dans certains pays (Canada, USA, Royaume-Uni, Allemagne), les organismes de règlementations ou les associations de consommateur se montrent très regardants sur les allégations des produits cosmétiques (spécifiquement lorsqu'il s'agit de marques étrangères...), et n'hésitent pas à réclamer l'interdiction des publicités si ces revendications leur paraissent trop fantaisistes ou surprometteuses. Or, les marques comme l'Oréal ont développé et institué comme une norme un mode de discours publicitaire très technique et chiffré qui influence le marché tout entier, et les marques sont nombreuses à inclure ce type de "claim" dans leurs publicités. Face à la concurrence des doctors brands, marques de niche issue de l'univers dermatologique, tous les circuits se sont lancés dans des accroches promettant monts et merveilles au début des années 2000, ce qui a suscité en retour un durcissement des organismes concernés.

Garnier en a fait les frais également : une action collective a ainsi été lancée aux Etats-Unis contre son shampoing fortifiant Fructis qui promettait des cheveux "5 fois plus fort", apparemment sans base scientifique. Il faut lire également ici une analyse ironique du type de schéma qui vient, sur les shampoings, illustrer avec beaucoup d'à-propos ce type de claim.

En France, le BVP a ainsi développé des normes pour une publicité responsable, interdisant dans l'univers hygiène/beauté certaines pratiques. Il est en effet courant d'annoncer des chiffres en laissant un flou artistique sur la nature des tests les ayant démontrés, ou avec des tournures de phrase alambiquées qui permettent de laisser entendre un peu plus que la réalité. Le premier objectif de ce texte est donc d'obliger les marques à s'interdire ce type de phrase et à clarifier le test pratiqué, la nature du chiffre cité etc...

Par exemple, auparavant, quand une marque citait "une réduction/ augmentation de Y jusqu'à X%", elle pouvait se contenter d'une phrase explicative extrêmement technique ne permettant pas au consommateur d'en comprendre le sens réel, quand elle doit aujourd'hui annoncer de façon claire s'il s'agit d'un test de mesure scientifique (incluant des instruments de mesure) ou d'un test de satisfaction (uniquement basé sur le ressenti d'un panel d'utilisatrices), dans combien de cas de X% a été observé, quel est la moyenne de l'ensemble des cas, s'il s'agit d'un résultat in vitro etc... Une manière d'éviter que la marque n'affiche le montant maximum obtenu par hasard ou chance quand sur le reste du panel n'a été obtenu qu'un faible résultat.
Autre exemple : le terme "nouveau" ne peut être utilisé que pendant un an, et si la nouveauté est uniquement sur le packaging (et non sur la formule), cela doit nécessairement être indiqué.
Enfin, des termes comme "mincir", "rajeunir" doivent explicitement faire référence à une apparence plus mince ou plus jeune, et non à une action physiologique.

Au Canada, les instances officielles vont bien plus loin. Il existe carrément une liste des allégations possibles ou interdite, et le résultat est nettement plus sévère qu'en France. Il est par exemple proscrit de faire allusion au traitement ou à la réduction de la cellulite, et même à l'aspect de la peau d'orange : les marques doivent systématiquement mentionner qu'il s'agit de l'apparence du problème. La FDA (Food & Drugs Administration) américaine utilise des règles similaires, et pour des raisons budgétaires, réalise essentiellement ses contrôles à la douane : cela a pour effet d'être très restrictif pour les marques étrangères et nettement moins pour les marques locales. Résultat, les marques américaines peuvent se permettre des promesses plus ambitieuses. Un peu de protectionnisme déguisé, volontaire ou involontaire...

Quel résultat au final ? Le consommateur sort-il gagnant des normes plus restrictives ? Ma réponse serait plutôt non : à trois mots près, les allégations avant ou après ces contraintes sont identiques ! "La peau est lissée" devient "la peau est comme lissée", "la peau est plus jeune" devient "la peau est visiblement plus jeune", et tout le monde parait satisfait. Pour le consommateur, le résultat est le même : ce type de nuance lui échappe, et il décode la promesse de la même manière.

Chiffres contre rêve...

Deux tendances s'affrontent en réaction : soit les marques poursuivent dans cette voie ultra-technique en utilisant là encore des formulations complexes, des petites astérisques renvoyant sur des phrases sybillines en mini caractères en bas de page, qui permettent justement d'atténuer des discours très volontaristes, soit elles modifient leurs promesses vers un registre plus global, plus onirique. L'évolution du marché est particulièrement favorable à cette seconde tendance : dans la veine nature/écolo/authenticité, le marketing va vers davantage d'approches holistiques, vers davantage d'action globale, et tend à limer les ambitions chiffrées.

On peut citer Dior, passé en 2003 de "jusqu'à 60% de réduction des rides en 1 heure" pour Capture R60/80 à "plus belle aujourd'hui qu'à 20 ans" en 2006 pour Capture Totale : un discours plus positif, une promesse a priori moins technique et plus poétique, une approche moins sensationnaliste qui n'a pourtant pas démérité en terme de business.

Les clientes se font-elles pour autant des illusions sur la réalité de l'action des produits ? Elles constatent bien que les produits cosmétiques améliorent la qualité de peau, que la peau peut toujours être nourrie et embellie, mais que les produits ne sont pas pour autant miraculeux. Les effets sont visibles, mais dans la limite du raisonnable. Il est évidemment souhaitable que les marques n'en fassent pas des tonnes, et qu'elles cherchent davantage à faire rêver et un peu moins à convaincre avec de la pseudo-science. Le soin est d'abord du domaine du plaisir, pas besoin de pourcentages spectaculaires pour arriver à ses fins. Qu'en pensez-vous ?

Crédit photo : L'Oréal Paris / Dior

15 oct. 2007

Groupes cosmétiques : comment se mettre au vert ?

Bloggers Unite - Blog Action Day


J'ai plusieurs fois évoqué dans ce blog la vague bio en cosmétique, considérant que cette approche pourrait bien devenir à terme une norme du marché : aujourd'hui c'est un "plus" produit, demain cela pourrait être le minimum attendu par le consommateur... Mais jusqu'ici j'ai plus rarement pris le point de vue des groupes déjà présents sur le marché et qui doivent donc revoir leur propre stratégie pour s'adapter à cette nouvelle donne. Il faut dire également que, en réponse à l'intérêt croissant des consommateurs, les distributeurs accordent une place grandissante à cette offre bio. Difficile dans ces conditions de faire la sourde oreille à un tel appel du marché.

Assez logiquement, différentes options stratégiques sont envisageables pour les groupes :
- repositionner fortement sur le naturel une marque déjà présente dans le groupe et lui accorder davantage de moyens, comme Origins dans le groupe Lauder
- créer une nouvelle marque naturelle, comme par exemple Yves Saint-Laurent Beauté avec le lancement de la gamme de soins bio sous la marque Stella McCartney
- racheter une marque naturelle déjà établie, comme L'Oréal avec Sanoflore et Body Shop

Il faut tenir compte du fait que les consommateurs tendent à attendre davantage d'une marque qu'un simple concept bio : il peut s'agir d'une démarche militante plus globale, qui touche toutes les dimensions de l'entreprise (éthique, climat social, recyclage, promesses publicitaires...). Dès lors, l'appartenance à un groupe qui ne partage visiblement pas l'ensemble de ces valeurs, qui commercialisent d'autres marques moins "éthiques", peut remettre en cause la légitimité de cette démarche bio, et donc la crédibilité de la marque.

C'est donc à une reflexion plus globale que les grands groupes sont invités : s'il n'est pas évident pour une société qui n'a aucune expertise bio ou naturelle d'en développer une du jour au lendemain (en terme de formulation, packaging, production, distribution, communication...), le rachat ou la création d'une nouvelle activité dans ce domaine est une opportunité à saisir. Le savoir-faire ainsi acquis ne doit-il pas venir irriguer l'ensemble des autres marques, des autres activités de l'entreprise, pour lui permettre d'avoir un discours global cohérent sur ce sujet ?

Une question de légitimité dans l'immédiat, une question de survie, peut-être, à l'avenir, si le naturel devient réellement la nouvelle norme du marché.

J'ai écrit cette note à l'occasion du Blog Action Day consacré à l'environnement.
Bloggers Unite - Blog Action Day

Relire quelques notes sur le sujet de la cosmétique naturelle :
- La révolution verte
- La théorie de la Longue traine version bio
- Interview Mademoiselle Bio
- Interview Cosma Terra
- Interview Princesse Bio
- paraben : ami ou ennemi

3 oct. 2007

Êtes-vous un future shaper ?

Vous êtes un early adopter, avec toujours un tour d'avance lorsqu'il s'agit de tester à un nouvel usage de consommation, une innovation produit, une tendance émergente ? Désolé de vous le dire, mais vous êtes totalement has been, trop volatile, avec des centres d'intérêt trop changeant et éphèmère pour assurer un succès durable. TNS Sofres vous préfère désormais les future shapers.

Future shapers, des consommateurs précurseurs et avertis

Ces consommateurs experts sont des précurseurs qui adhèrent à une nouveauté sur le long terme et en deviennent les ambassadeurs auprès du grand public. Receptifs aux nouvelles idées, ils choisissent les discours qui leur paraissent authentiques, en phase avec leurs valeurs, et en alimentent le buzz. Ils sont fortement impliqués par rapport aux produits et services et apprécient les discours "militants". Ils valorisent les attentions individuelles et l'idée de customisation, de contribution, de participation. Enfin, le temps est pour eux une donnée précieuse et rare, qu'ils n'aiment guère gâcher.

TNS Sofres a choisi d'identifier pour chaque marché ces individus pour déterminer les comportements appelés à se développer ou au contraire à se réduire : cela peut passer par exemple par l'analyse d'un portefeuille de marques permettant de repérer les marques à fort potentiel qui ne sont pas forcément celles qui sont les plus fortes aujourd'hui, par identifier les consommateurs qui auront un impact durable sur les tendances d'un marché donné afin de prévoir l'avenir des activités existantes, trouver les relais de croissance, diriger l'innovation dans la bonne direction.

La video teasing :


Sans inventer la poudre, cette approche a le mérite de renouveller les discours sur les influenceurs et autres trend-setters de manière plus fine et sans doute moins premier degré que les portraits habituels de clubbers ultra-hype à séduire à tout prix pour vendre n'importe quel yaourt 0%. Car ces future shapers ne sont pas nécessairement à la pointe de la mode, simplement ouverts à des offres alternatives et constants dans leurs choix.

Dans l'univers maquillage/parfum/soin, la prospective est évidemment une donnée majeure puisque ce sont des marchés de consommation entièrement tournés vers la nouveauté. Mais souvent cette prospective se limite à être à la pointe du progrès technique et scientifique, quand l'attente du consommateur se situe souvent ailleurs, dans des discours différents ou des gestuelles simples mais peu répandues. Par exemple, alors que les marques installées se positionnent fermement sur des discours façon "nano-molécules-du-troisième-millénaire-issues-des-recherches-de-la-NASA", les future shapers sont visiblement du côté de la cosmétique naturelle... S'agit-il pour les marques d'un paradoxe ou d'un aveuglement ?

27 sept. 2007

Beauté-test se met au bio

Je connaissais déjà le site beauté-test, impressionnante base de données sur les produits de beauté commentés par les internautes. Evidemment, dans un tel flot d'information, les petites marques bio ne pouvaient guère émerger, d'où la création d'un site jumeau consacré au bio : beauté-test bio, soit 131 marques - pour le moment - classées par type de labels bio (agriculture biologique, cosmebio, BDIH, cosmeco, nature et progrès, écocert...), et toujours les produits soumis aux commentaires des internautes. Une nouvelle mine d'infos pour les adeptes du bio.

Une info lue dans la Gazette Cosmétique

Toutes mes notes sur la cosmétique naturelle ici

21 sept. 2007

4 révolutions qui attendent la beauté

Elles ont déjà largement commencé à influencer les modes de production, de communication, de consommation, et elles s'annoncent comme des phénomènes de société majeurs incontournables des prochaines décennies. Ces quatre révolutions [1] bénéficient d'une forte médiatisation, et elles vont modeler les comportements futurs.

La cosmétique a beau être un secteur qui vit d'incessants changements et d'innovations continues, le poids des habitudes y reste particulièrement fort. Certaines de ces révolutions en marche n'ont encore eu qu'un impact marginal sur la manière d'opérer des marques. Pour combien de temps ?

1/ Marques : la révolution verte

Le thème du développement durable n'est pas prêt de quitter les feux de l'actualité : ce sera même le leitmotiv des décennies à venir. Et tandis que les industriels progressent sur le sujet, avec une offre de matériaux et de procédés "écolos" de plus en plus large, les consommateurs se montrent également de plus en plus sensibles aux marques issues de l'éco-citoyenneté. Qui aurait cru il y a encore peu de temps que la France, où la prise de conscience verte paraissait encore embryonnaire, pourrait avoir un ministre d'état chargé de l'écologie ? Ce mouvement est pour le moment l'apanage de petites marques, d'alternatifs, mais déjà les grands groupes s'emparent du sujet et devraient en être demain les principaux promoteurs. Au-delà du naturel, c'est l'éthique en général, une quête nouvelle d'authenticité (par exemple, revenir aux racines "artisanales" du luxe) qui devrait être un moteur de fidélisation des clients, et donc de pérennité pour les marques.

2/ Produits : la révolution grise

La population mondiale vieillit, et pourtant la pression de l'idéal de jeunesse et de beauté parfaite va continuer d'imprégner la société. D'où pour les seniors la quête de solutions pour préserver sa beauté et son capital seduction, quel que soit l'âge. Tous les segments de la beauté sont concernés car tous contribueront à remplir cette mission : soins anti-âge bien sûr, mais aussi le maquillage, les parfums, les soins capillaires, la toilette... Les discours holistiques, globaux, associant cosmétiques, compléments nutritionnels et coaching pour une parfaite hygiène de vie, seront indispensables pour justifier le rôle des marques et pérenniser leur succès. Enfin, le recours plus fréquent encore à des actes esthétiques médicaux et chirurgicaux amènera au développement d'une offre beauté chargée de la prise en charge pré ou post-intervention.

3/ Communication : la révolution ludique

L'industrie du jeu video a déjà supplanté aux Etats-Unis le cinéma, et cette suprématie du divertissement "actif" modifie en profondeur les attentes des consommateurs en matière de communication. Alors que la beauté et le parfum misent encore principalement sur les pages de pub dans la presse féminine et la télévision, les marques doivent accorder une place grandissante au buzz et au blog marketing, au CRM, à l'advertainment, au street marketing, sur les réseaux sociaux type Second Life, autant de manières nouvelles de communiquer pour établir une relation plus forte avec les consommateurs. Ces attentes nouvelles des consommateurs s'incarneront également dans la recherche d'approche plus ludique, dans la lignée des conseils beauté sur console video, des marques "fun" avec un discours décalé, d'une shopping experience qui tient plus du parc d'attraction que de la boutique traditionnelle... Une remise en question totale de la relation à la marque distante et professionnelle encore en cours aujourd'hui.

4/ Distribution : la révolution multi-circuit

Jusqu'à présent, chaque marque de beauté avait son circuit de distribution de prédilection : parfumerie, supermarché, vente à distance ou pharmacie. Si le développement d'Internet comme circuit de distribution (au-delà de sa fonction de vitrine) a été plutôt lent et plutôt réservé aux distributeurs off-line, la situation évolue avec l'éclosion de e-boutique de marques (Lancôme en a été l'un des pionniers parmi les grandes marques, bientôt rejoint par Mugler, Clarins, Dior...). Il faut dire que le renversement des pouvoirs au profit des distributeurs, avec l'avènement des chaines et la disparition progressive des indépendants, oblige les marques à revoir leur position et à tenter d'établir un lien plus direct avec leurs clients. D'où la création de site d'e-commerce en propre mais également la diversification des circuits de distribution.

Les frontières tombent : les marques de parfumerie cherchent des relais de croissance dans la vente à distance grand public (Lacroix, Mugler), certaines marques sont simultanément lancées en parfumerie et en supermarché (Céline Dion), des marques de pharmacie concurrencent clairement la parfumerie... Une confusion des genres qui présagent d'un éclatement et d'une redéfinition des univers de distribution. Ce ne sera plus le mode de distribution qui définira la catégorie de la marque, mais la manière dont elle-même se mettra en scène dans ses différents circuits de distribution.

Qu'en pensez-vous ? Voyez-vous d'autres grandes mutations en cours ?

Inspiré du dossier L'entreprise dans 10 ans, Courrier Cadres juillet-aout 2007

7 sept. 2007

Ce n'est pas parce qu'on est nu qu'on a rien à cacher...

Je vous parlais il y a quelques temps de la marque Elave, qui fait intervenir dans sa communication une femme nue, pour appuyer leur slogan "rien à cacher". Car la marque se revendique bio, pure et saine. En partant du cas d'Elave, Mademoiselle Bio nous rappelle à juste titre qu'il peut y avoir un écart entre discours et réalité, car au-delà de ce positionnement marketing très tendance, la marque laisse un flou artistique sur ses pratiques réelles.

23 juil. 2007

Vacances...

Cosmeo Blog prend quelques vacances, je vous donne rendez-vous dès septembre pour la suite de nos aventures communes.
En attendant :

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les techniques de buzz
la cosmétique naturelle et le bio
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Bonnes vacances !

17 juil. 2007

Beautéthique : le blog de la beauté équitable

J'ai vu que Laurence, déjà auteur d'un blog dédié à l'humanitaire et au développement durable, anime désormais le blog Beautéthique consacré à la beauté et au bien-être. Le blog dépend de Comptoir Ethique, site de e-commerce mode, beauté, déco et cuisine spécialisé dans les produits issus du développement durable.

Le blog traite des sujets liés à la "beauté équitable" et apporte un éclairage plus large sur les produits commercialisés sur le site, des conseils beauté et a pour vocation à terme de créer un dialogue avec les consommateurs.

15 juin 2007

FemininBio : le portail féminin au naturel

Alice me fait part de la création de FemininBio, dédié au mode de vie bio. Selon le site, 3 français sur 10 consommeraient bio au moins une fois par mois (et 7% d’entre eux le font tous les jours). Le chiffre d’affaires du secteur s’élève 1,6 milliards d’euros et connait une croissance annuelle de 10% depuis 10 ans [1].

Les créatrices du portail, Anne et Eve, sont les auteurs du fameux "Guide des Cosmétiques Bio", et amorcent naturellement la création de ce portail par la rubrique beauté, avant de s'attaquer à la mode, l'alimentation, la maison... Pour Anne, il ne s'agit pas d'une démarche militante, mais d'une mission d'accompagnement : "L’objectif est de partager avec d’autres femmes un mode de vie plus sain, écologique et respectueux du monde qui nous entoure. [...] Nous nous adressons autant à la néophyte qui découvre le bio qu’à l’écolo convaincue. [...] Je crois que nous sommes au tout début d’une révolution verte [...] . On ne peut pas dire : la planète est polluée c’est la faute des industriels et des politiques qui ne font rien. Je n’y crois pas. Je crois à la politique de chaque individu qui dans ses petits gestes de tous les jours va dicter ses choix et préférences aux industriels et aux politiques."

Le portail présente du contenu éditorial sur le thème de la beauté bio, un blog bio, des videos explicatives pour créer ses propres recettes bio, des sélections shopping, des conseils pratiques... Progressivement, les thèmes devraient se diversifier et le site devrait s'enrichir de nouvelles rubriques pour élargir le champ d'action de ce qui devrait devenir un véritable magazine féminin bio sur le net. L'évolution logique de la vague / vogue bio observée sur le net, qui devrait fédérer un large public déjà conquis au thème du bio ou sur le point de l'être.

[1] Source Agence Bio

A lire également :
- tous les articles de Cosmeoblog traitant du bio
- Interview de Violette Watine, créatrice de MademoiselleBio
- Interview de Vigdis Mounier, créatrice Princesse Bio
- Interview de Anne Le Turnier de Cosma Terra
- Interview de Nathalie Baudoin, de l'agence Greenpress