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6 févr. 2010

Une goutte (de parfum) qui change tout

La fédération américaine de l'industrie cosmétique, la Fragrance Foundation, lance aux Etats-Unis une campagne institutionnelle multi-canaux sur le thème 'one drop changes everything' . "Une seule goutte change tout"... hum, ça sonne moins sexy en français.

Cette campagne vise à redonner ses lettres de noblesse au parfum, dont les valeurs aspirationnelles semblent avoir été mises à mal ces dernières années par différents facteurs. Est-ce la crise, la profusion de lancements, l'ampleur prise par les gadgets high tech qui apparaissent désormais être devenus des cadeaux plus flatteurs qu'un parfum, à prix équivalent ?

A lire notamment un article intéressant sur le succès des lancements avec des "poires" atomiseurs, dont la gestuelle est considérée comme à la fois vintage et sexy. Un exemple parmi d'autres d'une mode qui vient redonner de la valeur au produit. Une manière de réechanter un univers où les consommateurs sont souvent pris pour des... poires ?

Source : cosmeticnews / crédit photo Dior

14 déc. 2009

La toute-puissance du distributeur

Le leader mondial de la beauté en vente directe, Avon, annonce le lancement signe de la première ligne de maquillage Ungaro sous le nom de U by Ungaro (ne pas confondre avec la ligne by U de Super U ;-). La gamme porte le nom d’une ligne de mode Ungaro exclusivement vendue en Asie, et c’est également le nom des deux parfums Ungaro lancés en exclusivité par Avon l’an dernier avec Reese Witherspoon pour égérie. Un an plus tôt, Avon cartonnait avec deux fragrances exclusives signées Christian Lacroix sous le nom de Rouge et Noir, bientôt suivi par Absinthe.





Je m’étais intéressé au sujet en 2007, remarquant que les marques, à l’image de Lacroix ou de Mugler (au Club des Créateurs de Beauté), étaient en quête de nouveaux circuits de distribution pour mieux s’y exprimer. Sans être en contradiction avec cette analyse, j’aurais tendance à voir les choses sous un autre angle : l’incroyable pouvoir de la distribution, ou comment ces initiatives d’Avon souligne combien le rapport de force marques/distributeurs est en faveur des distributeurs.

Ungaro, Christian Lacroix : deux noms qui jouissent d’une belle notoriété, mais restent deux très petits acteurs de la beauté, presque négligeables dans le concert des marques de parfums. Dans le circuit sélectif classique, ils peinent tout simplement à exister. Cherchez-les dans votre Sephora – bon courage – et vous comprendrez. C’est vrai dans le parfum, certes fortement concurrencé mais où on peut au moins, théoriquement, placer ses produits en magasin. Ne parlons même pas du maquillage, un oligopole où installer une nouvelle marque en parfumerie est une quasi mission impossible. Il faut développer une gamme forcément très large (chaque référence est multipliée par le nombre de teintes), négocier des espaces en magasin, monter des animations, sachant que les marges y sont plus réduites qu’en parfum. Autant dire qu’un maquillage Ungaro n’avait aucune chance d’exister un jour… c’était compter sans la volonté d’Avon.

Avon a récemment pris ce tournant stratégique de développer, en parallèle de ses produits en nom propre, des parfums sous licence de créateurs ou de célébrités. Le distributeur met toute sa puissance de feu au service d’un lancement, en pariant sur le fait que cette création ‘extérieure’ apparaitra encore plus désirable que ses propres produits. Pari gagnant semble-t-il, au moins pour Avon, car il n’est pas sûr en revanche que sa volonté soit de faire vivre ces marques sur le long terme. Ce qui est étonnant, c’est la capacité du distributeur à faire un succès de marques qui n’en sont pas. Cela entre également dans l'idée que le consommateur, jadis fidèle à une marque, devient davantage fidèle à un distributeur (même si Avon est l'un et l'autre), déplaçant ainsi la 'propriété' du client. Bref, de sérieux sujets de réflexion pour toutes les marques.

23 nov. 2009

Aepure ferme ses portes

Il y a quelques mois, l'ouverture de la boutique Aepure, spécialisée dans la parfumerie de niche, bénéficiait d'un très bon buzz. Outre la sélection des marques, c'est la scénographie du lieu, inspirée d'une librairie, qui retenait l'attention.

Je n'ai pas eu le temps de mentionner cette ouverture sur le blog que déjà la boutique met la clé sous la porte, sans doute en raison d'un emplacement défavorable. Preuve en est qu'en ces temps de crise, c'est souvent sur des détails somme toute basiques qu'une belle stratégie achoppe.

Source : cosmétique hebdo n°431

16 nov. 2009

Le Monde s'intéresse au parfum

J'ai été très frustré par cet article publié par Le Monde, 'le parfum, un secteur rentable pour les marques de luxe'. Je trouve généralement intéressant de voir la vision de journaux généralistes sur le secteur, puisque ce qui parait évident à ceux qui y travaillent prend une autre tournure par ce regard extérieur.

Première surprise, contrairement à ce que le titre laisse penser, il n'y est pratiquement pas question de rentabilité. Globalement ce n'est d'ailleurs pas évident de comprendre quel est le propos de l'auteur, si ce n'est de dire que le secteur est plutôt solide malgré la récession. Par exemple, l'étude Plimsoll citée, sur la situation des marques de parfum, donne des résultats tellement surprenants pour certaines d'entre elles qu'on reste franchement sur sa faim...

30 oct. 2009

Les marques de luxe sont-elles plus à l'aise avec le web ?

Les marques de beauté sont-elles plus à l'aise avec les nouveaux medias. J'ai recensé par le passé de nombreuses initiatives Internet ou buzz marketing - le terme est pratiquement passé de mode - des grandes marques : certaines faisaient un usage habile de ce nouveau mode de communication, d'autres (les plus nombreuses) se montraient plutôt maladroites dans leur tentative de concilier l'esprit web et une communication qui reste institutionnelle. C'est évidemment un domaine dans lequel rien n'est figé, puisque les marques expérimentent sans cesse.

2 opérations récentes ont retenu mon attention : sans être d'une folle originalité, elles trouvent assez facilement leur place dans l'univers encombré du net.

Lancôme, avec son blog consacré au maquillage, relève le défi d'une création de contenu plutôt riche, avec coulisses de la création des produits et des communications, conseils d'utilisation, tendances... Un vrai blog-coach qui remplit bien son rôle tout en restant parfaitement en ligne avec la marque. Le blog a ses relais sur facebook et twitter. On peut regretter que le blog manque toutefois d'incarnation, un pas de toute façon difficile à franchir pour ce type de marque.

Clarins se lance en parallèle dans la video virale pour promouvoir sa gamme Multi-Active. L'ingrédient principal, l'humour, est présent, sans quoi la "viralité" est un leurre. Mais là encore l'ensemble reste bien dans les clous, sans insolence ni audace outrancière... ça pourrait finalement limiter l'efficacité du buzz, mais l'image de la marque en sort intact, et sans doute était-ce la priorité de l'annonceur. Si je devais faire néanmoins une critique sur le film ci-dessous : aucune promesse produit n'est évoquée, aucun lien entre l'histoire et la marque, c'est davantage une publicité pour la "générale des crèmes" qui pourrait être adaptée pour à peu près toutes les crèmes du marché. C'est un peu moins vrai des deux autres films de la série, plus spécifiques. L'initiative a dans tous les cas le mérite d'ouvrir la voie : la video virale n'est en effet pas le lieu le plus évident pour une marque haut de gamme comme Clarins.



Je doute des recettes beauté de super mamie !

22 sept. 2009

Le luxe, une relation entre amateurs et artisans

Interbrand publie son classement mondial 2009 des marques. Aux côtés des marques grand public figurent bien sûr quelques champions du luxe français (Vuitton, Chanel, Hermès, Cartier), y compris quelques pure players cosmétiques (L'Oréal et Lancôme notamment). L'analyse réalisée par Interbrand sur le secteur du luxe est très intéressante.

Depuis une dizaine d'années, la notion de luxe est devenue floue, entre les marques qui ont un parti-pris élitiste et celles qui ont choisi une stratégie de volume. La crise semble favoriser les marques qui ont su le mieux préserver leur statut d'exception, et j'aime notamment cette définition du luxe : "une expertise et une authenticité réunissant des amateurs et des artisans et non plus des consommateurs et des marques".

L'univers du parfum et de la cosmétique, fut-il haut de gamme, est nécessaire une industrie de volume qui démocratise l'accès aux grandes maisons. Cette démocratisation s'est traduit, et se traduit encore, par une certaine banalisation de l'offre, mais également par des volontés réelles de proposer également, à la marge, des produits d'exceptions héritiers d'un luxe plus authentique. Cette idée d'établir une relation entre amateurs et artisans plutôt qu'entre marque et client (simple payeur) aurait tout intérêt à guider davantage le travail des équipes marketing, et modifier leur approche en conséquence. Faute de quoi les amateurs se détournent et se détourneront encore vers des univers de consommation dont la valeur produit apparait plus rationnelle, comme les nouvelles technologies.

15 sept. 2009

Parfums masculins : une vague de versions concentrées

La parfumerie féminine permet bien des audaces : d'une année sur l'autre, pour animer une gamme, la palette des possibles est large et multiple. Un parfum peut se décliner selon la 'pyramide classique' (cologne ou eau fraîche, eau de toilette, eau de parfum, parfum) ainsi que des mille autres variations sorties de l'imagination des marketeurs (brume parfumée, eau d'été, élixir...) , les gammes de dérivés de bain peuvent s'élargir de mille et un produit plus ou moins gadgets, les collectors packaging sont également appréciés. Même les initiatives les plus gadgets peuvent réellement avoir un impact sur le chiffre d'affaires de la ligne. Les femmes adoptent facilement ces nouveautés qui leur permettre de découvrir leur parfum favori sous un autre angle.

Un peu de concentration !

La parfumerie masculine, a contrario, est souvent plus austère : hormis l'eau de toilette, toutes ces trouvailles marketing restent souvent d'un apport très restreint. On a pris quand même l'habitude de voir arriver avant l'été les eaux fraîches déclinées des gros parfums du marché. Mais puisqu'il faut trouver d'autres relais, on constate que les marques commencent depuis 2 ou 3 ans à décliner volontiers leurs parfums masculins dans des versions plus concentrées à l'approche de l'hiver. Cette rentrée accueille ainsi notamment Fahrenheit Absolute, Guerlain Homme eau de parfum intense, le parfum Terre d'Hermès, et Azzaro pour homme Elixir, qui correspondent plus ou moins à des versions eau de parfum ou parfum des jus originaux. Même si des initiatives isolées ont lieu chaque année, c'est clairement un nouveau segment qui est en train de naître.

Premier avantage : moins de contraintes en terme de prix (le segment des eaux d'été est à l'inverse très normé, avec des prix très bas en comparaison), la version 'haute concentration' peut afficher un prix plus élevé que la version initiale. Second avantage : la version concentrée est jugée plus noble, plus élitiste, elle enrichit l'approche olfactive, dans le meilleur des cas avec un parti pris un peu moins commercial, sans pour autant être purement une offre de niche. Bref, c'est une opération de marge et d'image.

Mais au-delà de la fragrance, éventuellement plus coûteuse, mais qui représente une part relativement faible du coût total du produit, le packaging reste souvent pratiquement inchangé : la marque peut donc vendre nettement plus cher un produit qui ne lui revient pas forcément beaucoup plus cher. Dommage, car une différenciation packaging trop discrète crée de la confusion et peine à apparaître vraiment attractif pour le consommateur. Les marques auraient toutes les raisons de travailler autant à la valorisation packaging qu'à la variation olfactive, pour que ce segment émergent se structure et devienne un véritable rendez-vous pour les hommes, au même titre que les eaux d'été.

Crédit photo : Dior

3 août 2009

Les soins solaires, c'est l'enfer !

La protection solaire est un marché extrêmement complexe : difficile pour les marques de s'y faire une place au soleil ! Je ne vous apprends rien : c'est un segment ultra-saisonnier, toutes les nouveautés surviennent sur le marché en même temps, toutes les animations commerciales sont concentrées sur la même période, alors même que le consommateur va acheter un nombre très limité de produit... Bref, c'est l'enfer ! La distribution, surtout sélective, se montre d'ailleurs méfiante vis-à-vis de ce marché imprévisible, lié aux aléas de la météo et sur lequel, une fois passée la saison, le stock restant est invendable.

Tout l'enjeu est de faire la différence en une saison. Et de se renouveller chaque année.

La règlementation s'est récemment durcie pour uniformiser le système des indices, et les marques ont répondu à cette contrainte en augmentant leur offre sur les indices plus élevés. Même si chaque marque a une image plus ou moins sérieuse qui va jouer sur la confiance du consommateur, la différenciation produit ne peut se jouer sur le niveau de protection puisque les indices sont uniformisés. Les besoins sont d'ailleurs assez basiques a priori. Mais en parallèle, la formulation s'améliore pour des textures plus légères, plus agréables etc...

Conséquence, plus les acteurs ont une légitimité forte sur le sérieux et la performance (en mass et en pharmacie), plus ils mettent d'ailleurs l'accent sur le plaisir pour élargir leur promesse : Garnier avec sa gamme de laits 'Léger & Soyeux' ou son lait amplificateur de bronzage, Nivea avec son spray invisible... A l'autre extrêmité, les marques du selectif s'attachent à renforcer leurs gammes sur les indices élevés, comme pour contrarier leur image trop... frivole ?

Sous-segments : enfants, bio, UV...

Le marché est par essence limité. Pour susciter l'intérêt et valoriser l'offre, il est naturel de proposer de nouvelles segmentations. Lancaster, référence solaire du selectif, en a fait sa stratégie : chaque année, la marque lance de nouvelles mini-gammes pour élargir son emprise, cette année avec Sun Men et Sun Sport (après les solaires premium, le maquillage solaire, les solaires minceur etc...). Les gammes Enfants sont désormais incontournables, notamment en mass où de nombreuses nouveautés sont proposées (Garnier, Nivea...). La vague verte touche bien sûr également le solaire, des petites marques (H2O, Lovea) étant actives sur le segment avec des gammes bio. Clarins et Shu Uemura renforce le marché de la protection 'city' avec des produits UV (UV Armor, UV Plus), petites flaconnettes contenant des filtres à utiliser en ville plutôt que sur la plage, directement adaptées de l'Asie où ces produits cartonnent.

Vive le 2 en 1

Le 2 en 1 est un outil de différenciation. Le selectif en use notamment pour justifier son positionnement prix. Les après-soleil, soins plaisir par excellence, ont ainsi la cote : SOS Coups de Soleil chez Clarins, Lait prolongateur légèrement auto-bronzant chez Sisley... Même esprit plaisir pour le Gloss Cristal protecteur de Biotherm. Le super luxe n'est pas en reste, avec la gamme premium Re-Nutriv de Lauder qui s'enrichit d'une mini-gamme solaire anti-âge, dans la lignée de Sunleÿa (Sisley) ou Absolue (Lancôme).

Le 2 en 1 est également présent en pharmacie, incarné par Somatoline et son amincissant solaire, ou l'anti-taches brunes Melascreen. En mass, L'Oréal Solar Expertise mise également sur l'anti-taches brunes.

S'agissant des nouveautés produit, on voit donc bien les lignes de force qui structurent le marché : la performance (pas uniquement en terme de protection, comme l'indique le développement des produits 2 en 1) et le plaisir, aidé par l'amélioration des formulations. Le segment des solaires est très révélateur de l'inspiration des marketeurs pour animer et faire vivre un marché a priori morne, basique et sans grande possibilité de croissance. A méditer sur bien d'autres segments dits 'basiques' ! Sans doute le démaquillage, les soins du corps, le maquillage des ongles et quelques autres doivent bénéficier de la même créativité marketing pour se faire une place de choix dans les linéaires et dans le coeur des consommateurs.

Il est temps pour moi de faire les valises pour la trêve estivale, je vous retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures. Je vous souhaite à tous un très bel été.

Crédit photo : Getty Images

23 juil. 2009

Le marketing peut-il changer le monde...

Les marques peuvent-elles changer le monde ? Peut-être n'ont-elles plus le choix : le consommateur moderne exigerait en effet de leur part une plus grande contribution sociale, pour que l'acte de consommer ait un sens plus large. C'est le pari d'Ogilvy, qui présentait en juin Big IdeaLs, sa nouvelle grille de lecture de la communication de marque.


Pour Ogilvy, 'A big idea for a brand is a big ideaL'. Le principe est (apparemment) simple. Il s'agit de définir une sorte de mission qui représente le coeur de la marque, sous la forme suivante : "le monde serait meilleur si...". L'exemple de Dove est ainsi exprimé : 'Le monde serait meilleur si, chaque jour, davantage de femmes se trouvaient plus belles'.

Sans faire preuve de naïveté sur l'apport réel d'une marque à créer un monde meilleur, il est évident que pour tout marketeur, cela vaut le coup de se poser la question. Et dès lors que cet axe central est défini, de le décliner en toute logique dans l'ensemble des projets. Cela permettra au moins d'éviter les incohérences de stratégie et de discours qui affaiblissent le coeur de marque.

Vous pouvez lire l'intégralité de la présentation d'Ogilvy ci-dessous :


Source : slideshow de Max Borge, crédit photos ici et Dove

6 juil. 2009

Pub de parfums : un peu cliché, non ?

Les écrans TV des semaines précédant Noël en témoigne : le parfum est un secteur fortement dépensier en pub. Les films publicitaires sont nombreux, régulièrement renouvelés, leur esthétique toujours extrêmement léchée, les stars (actrices et réalisateurs) s'y pressent chaque année plus nombreuses... Et pourtant, ils ne suscitent que rarement l'intérêt des experts, comme en témoigne à nouveau la dernière fournée du Festival de la Publicité de Cannes qui n'a pas élu de film du secteur... et ce, depuis plusieurs années.

Trendmark avance une explication qui me parait très pertinente : analysant trois pubs récentes (le très 'hot' Shalimar, le 'girly' Miss Dior Chérie, et le dernier N°5), Stéphanie Jeandey relève que ces films sont de très belle facture mais se cantonne à un imaginaire très cliché. Pas de créativité publicitaire débridée : les scénarios ne sortent pas des sentiers battus, et cherchent simplement à poser convenablement les balises attendues de ce type de communication.

Je me rallie à cette opinion : le parfum a un univers publicitaire très codifié, rares sont les marques qui osent en dépasser les limites pré-établies. On sent souvent que la marque a fait appel en priorité à un directeur artistique, dont la fonction se limite à garantir que la dimension esthétique, artistique propre au luxe sera au rendez-vous. En revanche, l'idée publicitaire, la 'copy' qui traduit le message d'une manière forte et unique, n'est que rarement présente. De la même manière qu'en maquillage et en soin, les visuels sont souvent davantage une simple illustration d'un résultat qu'une idée publicitaire incroyable avec une mise en scène à couper le souffle. Au final, la pub est parfois quand même une réussite... mais quel dommage de ne pas avoir mis tous ces moyens au service d'une vraie et grande idée ! Le succès de One Million, avec l'irrésistible gimmick des claquements de doigt, démontre pourtant l'efficacité d'une approche publicitaire conventionnelle.

Crédit photo : Dior

7 avr. 2009

Luxe, Mensonge et Marketing

Je n'ai pas lu Luxe, Mensonge & Marketing de Marie-Claude Sicard, mais la note de Julie de Cosmetiques Addict sur le sujet m'a donné très envie de me lancer, à commencer par cette citation (qui fait mal) : « [les publications sur le luxe] sont le fait d’auteurs qui ont été, sont ou espèrent être un jour les responsables ou les conseillers des maisons de luxe françaises […]. Même chose, plus curieusement, pour les enseignants dont on pourrait penser qu’ils sont plus indépendants. Mais d’une part certains d’entre eux opèrent dans des écoles ou pour des formations partiellement ou totalement subventionnées par telle ou telle marque de luxe et d’autre part il leur arrive, à eux aussi, d’intervenir à titre de conseil auprès de ces–mêmes marques » !

Lire la note de Julie ici

28 mars 2009

S'il n'en reste que deux...

C'est NPD US qui le dit : dans le marasme économique qui s'est emparé de toute l'économie américaine - et mondiale - fin 2008, et en particulier le marché des soins visage et corps, deux catégories ont pu tirer leur épingle du jeu. Surprenant, ou pas surprenant, selon le regard qu'on leur porte.

D'un côté, le bio : oui, si le consommateur fait une croix sur pas mal d'achats superflus s'agissant de son apparence, le bio apparait encore une valeur refuge, authentique, une réponse éthique au "sur-consommer" (et "mal consommer").
Et à l'autre bout de la chaine, le premium (la catégorie démarre pour NPD à 70$, ça reste donc à nuancer), l'ultime achat plaisir, le dernier rempart du luxe accessible quand il faut oublier le reste - la mode, les montres, la joaillerie...?-.

Bref, il va falloir se mettre au premium bio...

11 mars 2009

Marques de luxe : à la recherche de la nouvelle star

En ces temps troublés, les grands groupes annoncent pertes, baisse d'activité et réductions d'effectifs, le bio et l'éthique rappellent que parfois "small is beautiful". Bref, l'occasion est trop belle de se demander quelles sont les stars de demain prête à prendre la relève des vieilles dames (fatiguées ?) qui contrôlent aujourd'hui l'industrie du luxe et de la beauté. Deux articles ont sur ce sujet attiré mon attention.

La relève du luxe sera britannique (ah bon ?)

Cosmeticnews relate les conférences Beauty Focus britannique. Jonathan Ford, de l'agence Pearlfisher, explique que la voie du succès pour les marques challenger est de devenir des marques iconiques. Ces challengers sont définies comme des icônes qui n'ont pas exprimé leur plein potentiel, tels - selon lui - King of Shaves ou Nude. La génération précédente de marques devenues icones sont Aveda, Eve Lom, Jo Malone et Shu Uemura. Les grandes icônes comme Nivea et Estée Lauder sont partie intégrante de notre culture beauté et apparaissent non comme les meilleures mais comme des références incomparables et irremplaçables. Tout de même, c'est amusant de voir que, pour les britanniques, les marques du futur sont britanniques ;-)

La relève du luxe sera française (ah bon ?)

Dans le même esprit, l'excellent blog de La Journaliste nous dévoile une étude française confidentielle sur les "marques millenium". La méthode s'apparente à du trendspotting : des observateurs ont été envoyés dans les soirées hype (Paris, Londres, NY...) pour relever la garde-robe idéale des happy fews. Surprise (ou pas ?), aucun sac Vuitton ou Chanel, aucune grande institution du luxe. En revanche, la même observation sur des soirées en province (ou dans le métro) donne un tout autre effet : ces marques gardent toute leur aura. Moralité : les grandes marques, ringardisées ne sont plus tendance.

A l'inverse, des marques de luxe émergentes deviennent les nouvelles références, ce sont les 'marques millenium', incarnant le luxe actuel. Belles matières, esprit de création, pas ou peu de marketing. Christian Louboutin, Roger Vivier, Serge Lutens, Diptyque, Goyard, et Pôme ferait partie des heureuses élues. Je note que deux marques de l'univers parfum, Serge Lutens et Diptyque, figurent dans ce 'palmarès' prometteur ! Tout de même, c'est amusant de voir que, pour les français, les marques du futur sont françaises ;-)

La relève du luxe n'est pas nécessairement la relève des parfums et cosmétique

Oui, le monde change. Oui, il y a les marques historiques et les nouvelles. Oui, il y a les vraies marques tendance et celles qui cherchent à le rester. Mais, et sans rien retirer à l'intérêt de l'étude ci-dessous, ne confondons pas hype et succès commercial, et plus encore, mode et cosmétique.

La mode peut connaître un vrai succès en étant connu d'une élite. Le parfum et la cosmétique, qui sont des secteurs grand public, dépendent aussi de l'étendue de la notoriété de la marque. Il faut être connu de madame-tout-le-monde ! Nombreuses sont les marques très poussiéreuses qui continuent à connaître un vrai succès en parfumerie, tandis que des marques de mode ultra-tendance, déclinées en parfum, prennent la poussière dans les linéaires. C'est une chose de faire un carton fashion rue du Faubourg Saint-Honoré, et c'en est une autre de bien performer dans une parfumerie à Audierne ou à Tourcoing. Deux publics, deux aspirations différentes. Chacun son métier ?

Crédit photo : Diptyque

6 mars 2009

Twitter fait le beau

On parle beaucoup de Twitter, après My Space et Facebook, comme le nouvel incontournable du buzz marketing pour les marques. Pour rappel, Twitter est un outil de micro-blogging qui permet à l’utilisateur d’annoncer en temps réel à son réseau chacune de ses micro-actions du jour, un peu comme si le bloggueur envoyait en continu des sms racontant chaque fait et geste.

A première vue, ça m'apparaissait comme un terrible ego-trip ! Qui a une vie suffisamment passionnante pour qu'on veuille la suivre minute par minute ? Mais il faut se rendre à l'évidence, le succès est là ! J’ai lu ici que Twitter a connu une croissance de +752% en 2008, et compte aujourd’hui 5 millions d’utilisateurs. Culture Buzz souligne que Twitter réunit une communauté de personnes ultra-connectées, à l’affût d’infos pointues , bref, les parfaits early adopters pour générer du buzz. Inévitablement, Twitter devient une plateforme de communication : Barack Obama y a rendu compte en temps réel de sa campagne, Dell y dialogue avec ses consommateurs, Renault fait la promotion de ses évènements, un restaurant texan y annonce ses plats du jour etc… « Twitter s’affirme comme un espace idéal pour rencontrer ses clients, améliorer le référencement d’un site internet, d’un blog, garder le contact avec ses prospects ou encore créer son propre intranet et partager des informations » . Même le Dalaï Lama s’y est mis [1]!

Quelle opportunité pour la beauté ? Et plus encore, pour le luxe, peu habitué à envoyer des micro-news à ses consommateurs et plutôt adepte de belles envolées lyriques ? Encore faut-il avoir quotidiennement matière à s’exprimer !

Pionnier de Twitter, MAC Cosmetic montre la voie en utilisant l’outil pour communiquer sur les évènements auxquels les makeup artists de la marque participent. Pour chaque défilé de mode, les maquilleurs twittent leurs faits et gestes, leurs astuces maquillage en temps réel, rendant l’espace confidentiel du backstage accessible à tous. Une façon maligne de relayer une présence dans l’univers (féérique ?) des défilés qui, sinon, passerait totalement inaperçue. A titre d’exemple, près de 175 défilés sont ainsi concernés durant la saison Printemps / Eté 2009.

Aujourd’hui où les marques cherchent à créer un lien avec les consommateurs, à démontrer leur dynamisme et leur actualité, à faire partager leurs coulisses, Twitter constitue une opportunité intéressante pour inaugurer une nouvelle expérience de marque. A mon sens, c'est particulièrement adapté pour rendre compte d'un évènement (ou une série d'évènement), sans toutefois remplacer un discours institutionnel plus solide. Mais cette vision est très restrictive, tant les usages sont multiples : dialogue avec les consommateurs, avec les journalistes, en interne etc... Ce n'est pas non plus exempt de danger : et si on découvrait que les marques… n’ont rien à dire ??

Pour les marques intéressées, Culture Buzz énonce ici quelques règles : être généreux (apporter un service), être transparent (il ne faut pas se cacher), amener de la valeur (apporter un VRAI service), cibler le bon réseau (la bonne communauté), écouter avant de parler (il s'agit d'un espace de dialogue et de conversation). Comme on le dit souvent, c'est ce dernier point qui pose le plus problème au luxe, très ancré dans une communication traditionnelle de la marque vers le consommateur. Alors, prêts à twitter ?

Source photo : Culture Buzz

[1] Mise à jour : voir dans les commentaires : le twitter du Dalaï Lama était un canular

25 févr. 2009

Les marques de parfum et leurs limites

Toutes les grandes marques à succès ont leur limite, c'est vrai dans tous les secteurs, c'est aussi vrai dans l'univers du parfum. Dans la période plutôt favorable qui a précédé la crise, les marques, enhardies, ont justement tenté de repousser les limites et s'ouvrir de nouveaux territoires... la tendance pourrait justement se retourner en ces temps de disette.
- Ces limites peuvent être géographiques, lorsqu'une marque florissante dans tous les pays majeurs peinent à réiterer l'exploit dans un pays ou une zone donnée (Dior, éternel challenger aux US, ou Lauder, loin d'avoir l'équivalent de ses positions US sur le marché français des parfums). C'est évidemment encore plu vrai pour les marques dites 'régionales', dont le territoire d'expression, pour des raisons culturelles ou historiques, est plus limité encore.
- Ces limites peuvent être rencontrées lors de tentatives d'extension à de nouveaux métiers, par exemple de dupliquer un succès parfum dans l'univers du maquillage ou du soin (Givenchy, Mugler il y a quelques années, Azzaro dans le soin hommes).
- Enfin, ces limites peuvent être rencontrés au sein même du territoire parfum, lorsqu'il s'agit de conquérir de nouvelles cibles : les hommes pour une marque féminine, les femmes pour une marque masculine, la femme mature pour une marque typée jeune etc...

Ce dernier cas est passionnant. Lorsqu'une marque a la tentation d'attirer ceux qui lui étaient auparavant réfractaires, elle a l'obligation de se réinventer, de trouver dans ses gènes et dans ses codes ceux qui pourront plaire, tout en gommant ce qui pourrait déplaire. Inutile de dire qu'il faut bétonner son projet, car avant de tenter sa chance auprès du consommateur final, il faut avoir convaincu ses équipes en interne et ses partenaires externes (filiales, agents, distributeurs...) du pari à relever. La prise de risque est naturellement plus grande. Hugo Boss est en parfum une marque essentiellement masculine, dont les tentatives féminines ont été des flops : nouvel essai avec Boss Orange, cette fois avec une égérie, Sienna Miller, pour mettre toutes les chances de son côté. Azzaro, également très typé masculin, convoque simultanément son passé de couturier (pour AzzaroCouture) et une cible homme et femme (pour le duo Twin) en espérant également conquérir les femmes. Même stratégie de duo côté Cacharel (avec Amor Amor Tentations) pour les hommes, et le secret espoir de séduire également des femmes plus mûres que la cible ado habituelle pour la marque (après l'insuccès de Liberté). Ce combat sera également cette année celui de Nina Ricci, qui a les très jeunes avec Nina, les très mûres (!) avec l'Air du Temps, et entre les deux, une tranche d'âge pour l'instant oubliée.

Il suffit souvent d'un seul beau succès pour renverser la vapeur - Chanel l'a réalisé en retrouvant avec Allure Homme Sport une cible masculine un peu perdue de vue, idem pour Hermès avec Terre d'Hermès, Yves Saint-Laurent avec L'Homme, et en sens inverse, Armani Code Woman qui a réveillé la cible féminine d'Armani -, mais on le sait, les succès ne sont pas légion, et c'est encore plus vrai lorsqu'on se lance en territoire inconnu. On ne peut pas plaire à tout le monde.

Source photo : cosmeticnews

19 janv. 2009

Nina croquée par Twilight

Un parfum comme produit dérivé pour un film ? ça aurait paru absurde il y a encore cinq ans, c'est devenu presque banal de voir des parfums naître pour à peu près n'importe quoi, n'importe qui. Rien d'étonnant donc à ce que le succès ciné de l'année, le Graal des ados américains, le film phénomène Twilight donne naissance à un parfum...

Là n'est donc pas le plus surprenant. Ce qui est amusant, c'est de voir ce qui est lancé ! Les vampires de Twilight ont croqué un peu de la concurrence. C'est tellement énorme qu'on croirait un canulard : Nina Ricci (qui a lancé Nina, le flacon à droite) intenterait une action en justice contre le flacon de ce parfum Twilight (à gauche), qui apparait comme une contrefaçon très, très manifeste ! Je ne suis pas juriste mais... oui, c'est le même, aucun doute.
Et c'est encore une pomme !
Source : cosmeticnews, bellasugar, merci à Jeanne pour l'info

7 janv. 2009

Le rouge à lèvres ne connait pas la crise ?

Dernier Cosmétiquemag : Vincent Bastien raconte comment, alors chez le verrier Saint-Gobain, il a observé que lors de la crise en Asie, il avait prédit que les ventes de vernis à ongles allaient s'effondrer : "Or c'est le contraire qui s'est produit : les femmes voulaient garder la mode-plaisir. C'est de l'achat de consolation".

L'EFFET ROUGE A LEVRES

Vernis à ongles, rouge à lèvre : on appelle ça le "lipstick factor". De la grande dépression jusqu'à la la recession des années 90, les ventes de certains produits de beauté ont en effet connu de belles embellies. Cela a donné lieu à une théorie selon laquelle, par temps de crise, les consomamteurs repoussent les gros achats d'équipement (voiture, électro-ménager, meubles) et se tournent vers des achats-plaisir, des luxes accessibles, pour se remonter le moral en ces temps difficiles. Plus facile de s'acheter un Rouge Dior qu'une Jaguar ces derniers temps...?

Cet "effet rouge à lèvres" est très souvent cité ces derniers temps, pour attester que le secteur de la beauté résistera mieux que les autres à la crise actuelle. Est-ce bien sûr ? Cosmeticsdesign remet cette affirmation en question, sur la base de deux faits troublants.
- Le premier, c'est que la population des cols blancs est à la fois la clientèle habituelle de la beauté de luxe, et la première touchée par la crise.
- La seconde, et non des moindres, c'est qu'entre temps, la premiumisation du marché est passée par là : les prix des rouges à lèvres de luxe ont monté, et une offre accessible et attrayante existe maintenant à très petit prix dans la grande distribution, voire à 1 euros ! Dans ces conditions, pas sûr que le "lipstick factor" profite au luxe.
- Un troisième élément pourrait s'y ajouter : contrairement aux années 90, certains affirment que la crise actuelle s'accompagnerait d'une remise en question profonde des mentalités et des comportements, notamment de la surconsommation au profit de la frugalité. Aïe, aïe, pour le rouge à lèvres, ça commence à sentir le roussi !

Après la contre-théorie, la pratique. Budelpack Cosi, sous-traitant britannique de l'industrie cosmétique, a été la première victime "beauté" de la crise. Et il semble qu'effectivement, aux Etats-Unis, l'industrie des petits plaisirs ne soit pas à la fête, et les analystes annoncent que le "lipstick factor" ne fonctionne pas (ou plus). Même son de cloche ici, ici...

20 déc. 2008

Les flacons figuratifs et le secret des pomme !

Daisy de Marc Jacobs, Nina chez Nina Ricci, 1 million de Paco Rabanne : parmi ces lancements qui cartonnent ces derniers temps, il y a un fil rouge qui me paraitrait intéressant de mettre en lumière : l'intérêt du public pour des flacons figuratifs. Une vraie tendance, qui devrait fortement influencer les futures créations de la parfumerie.

Finalement, quand le luxe s'emploie à inventer des formes ultra-design plus conceptuels, le grand public plébiscite aussi des formes identifiables et vaguement rassurantes : maguerite (Daisy), pomme (Nina), lingot (1 million), ou, plus lointains, coquelicot (Flower), étoile (Angel), buste (Le Mâle ou Classique Jean-Paul Gaultier) etc... Autant de créations qui passeront pour légèrement triviales aux yeux de certains génies du marketing et de la création packaging, mais qui ont le mérite de transfigurer le quotidien !


LE POUVOIR DES POMMES

Parmi ces objets, il y a une star, un fruit défendu qui refait parler de lui à chaque décennie. Années 80 : Poison de Dior (1985). Années 90 : Lolita Lempicka (1997). Années 00 : Nina (2006) ! Ces trois vrais succès dan leur époque ont en commun un flacon pomme, traité de manière très différente. Ce ne sont d'ailleurs pas les seuls : aux Etats-Unis, Donna Karan cartonne avec Be Delicious au flacon-pomme inspiré de New York (alias Big Apple, il faut suivre).

La pomme aurait-elle un telle pouvoir d'attraction ? Elle est en tout cas le fruit par excellence, au coeur de tant de mythes et de légendes, de la pomme du jardin d'Eden à la pomme de discorde des grecs, qu'elle parvient par sa seule forme à évoquer bien plus qu'un fruit. Et puisque les marketeurs planchent, à l'aube de 2009, sur les projets des 2, 3 ou 4 premières années, peut-être devraient-ils commencer à réflechir au futur succès en forme des pommes des années 2010 !

Sur ces belles paroles croquantes, je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année et rendez-vous début janvier !

17 déc. 2008

Maquillage : Burberry et Dolce&Gabbana se lancent

J'ai lu ces deux infos concordantes qui donnent à réflechir : FashionMag annonce que Dolce&Gabbana (Procter&Gamble) va lancer une gamme de maquillage l'an prochain, tandis que CosmetiqueMag nous apprend que Burberry (Inter Parfums) a un projet maquillage pour 2010. Bigre ! Mais qu'est-ce qui peut bien pousser ces deux marques à se lancer dans un business aussi dur que le maquillage ?

Car oui, le maquillage est sans doute le marché le plus difficile, plus que le parfum ou le soin notamment. Souvent vendu moins cher, avec une marge plus réduite, il suppose un renouvellement constant de l'assortiment, des nouveautés constantes, de nombreuses déclinaisons régionales (les US ne consomment pas les mêmes teintes que l'Asie, qui différe de l'Europe, qui diffère des US etc...). Bref les coûts de développement, de logistique, de gestion de stock, de lancement, d'animation sont démultipliés.

Cause et aussi conséquence, alors que les acteurs du parfum et du soin sont pléthoriques, le marché du maquillage est archi-concentré, partagé entre une poignée de très gros acteurs mondiaux (Lancôme, Dior, Chanel, Lauder...), particulièrement en Europe.

Mais ce qui rend le maquillage si important, c'est sa valeur d'image. Rien de tel pour véhiculer une image branchée, dynamique, au plus près des tendances, vibrante et excitante aux yeux des consommatrices. Rien de tel pour évènementialiser un linéaire ou un comptoir, par exemple avec un maquilleur le temps d'une animation. Rien de tel pour toucher une clientèle plus large, pour susciter l'achat d'impulsion avec des produits plus accessibles. Pour deux marques qui sont aujourd'hui à la pointe de la mode, se lancer apparait comme une évidence. Réussir sera bien sûr une autre paire de manche.

Et vous, vous seriez plutôt Burberry ou Dolce&Gabbana ?
Répondez au sondage dans la colonne de droite !

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UPDATE
Après 1 semaine de votes, 10 voix pour Burberry (37% des votes) contre 17 pour Dolce&Gabbana (62% des votes) ! Avantage aux italiens, mais les british n'ont pas dit leur dernier mot. Rendez-vous dans quelques semaines pour voir comment D&G (et P&G) vont s'attaquer à ce nouveau marché.

1 déc. 2008

Le luxe discounte en douce

Depuis le début de l'année, et plus encore en ces temps de crise, je constate l'omniprésence des marques de luxe, y compris en cosmétique, sur les sites de ventes privées spécialisés beauté ou généralistes. Dans le même temps, cosmeticnews souligne que, toujours en raison de la baisse de la consommation, les acteurs de la beauté se lancent dans une vaste offensive de prix discount - à ceci près qu'en France, les enseignes le font discrètement, en ciblant uniquement leur base client par des mailings promotionnels, plutôt qu'en l'annonçant à grand renfort de bannières dans les points de vente sur Internet. Ces deux infos font tilt : en ces temps de crise, le luxe discounterait-il en cachette ?

Le prix, c'est sacré
Le prix est en effet une donnée très sensible pour le luxe. C'est d'ailleurs le signe le plus évident du luxe, il est constitutif de la valeur perçue de la marque par le consommateur. Par principe, les grandes marques sont toujours très réticentes à proposer leurs produits à prix discount, signe d'une mauvaise santé et/ou d'une piètre gestion d'image. Surtout lorsqu'on sait qu'elles mettent la pression aux enseignes de la parfumerie pour éviter que celles-ci ne se fassent la guerre des prix, ou pire, qu'elles attaquent des distributeurs non agréés ou des sites type ebay pour éviter qu'ils ne deviennent des circuits de distribution parallèle à prix cassés et incontrolés. Dans l'univers du luxe, le prix, c'est sacré.

Mais dans le même temps, la crise actuelle, amplifiée par la complainte médiatique du pouvoir d'achat, a déjà largement influencé négativement la consommation. Les marques de luxe ne pouvant jouer ouvertement sur les prix pour maintenir leurs volumes, elles cherchent des canaux parallèles à la fois discrets et maitrisables pour le faire. Idem pour les enseignes de la distribution selective, dont l'image a été souvent écornée par des rabais trop promo, mais qui doivent aussi composer avec la nouvelle donne d'une consommation en berne. Tous pratiquent donc le discount en douce.

Evidemment, à court terme, cela peut (sans garantie toutefois) permettre de laisser passer l'orage et de maintenir les comptes à flot. Premier risque, égratiner l'image, bien sûr. Second risque, est-ce que les acteurs du secteur ne vont pas finalement trouver une certaine normalité dans ces pratiques, doublées d'un bon filon pour faire du chiffre facilement ? Ce ne serait pas étonnant de voir tout cela s'installer de manière durable dans les business models des marques, des mauvaises habitudes dont elles auraient bien du mal ensuite à se défaire.

Qu'en pensez-vous ? Risque pour l'image, risque de dépendance ? Ou simple tactique de survie en temps de crise, sans conséquence ?