20 févr. 2008

2011 : les grandes tendances de la beauté selon Euromonitor

Le site de tendances WGSN fait le résumé d'une étude Euromonitor sur le marché mondial de la beauté, et conclut sur les grandes évolutions attendues à horizon 2011.

Ce qui va se renforcer

  • davantage de réglementation, notamment une définition plus stricte des labels "naturel" ou "bio", des obligations renforcées en matière d'innocuité, une plus grande protection contre la contrefaçon
  • des entreprises de dimension locales dans les grands marchés émergents (Russie, Bresil, Inde et Chine) vont devenir des acteurs mondiaux
  • les segmentations par style de vie, plus fines et plus précises, vont remplacer les segmentation demographique, trop vastes
Ce qui va diminuer
  • moins d'innovation ultra-technologique, car les consommateurs se montrent plus cyniques, ce qui va amener les marques à se concentrer davantage sur le développement de "meilleurs" produits en eux-mêmes (texture, résultat visible...), au-delà du discours marketing
  • la premiumisation, l'ultra-luxe vont diminuer du fait de l'érosion mondiale du pouvoir d'achat

15 févr. 2008

Pores : les nouvelles rides ?

NPD USA nous apprend que la nouveauté soin la plus performance cette année en selectif, la seule à avoir dépassé les 10 millions de $, n'est autre que Idealist Pore Minimizer de Lauder. Certes, le serum Idealist est un immense succès depuis son lancement, mais son relancement/repositionnement sur le créneau des pores ("les pores paraissent 1/3 plus petits, immédiatement, et jusqu'à 69% en 4 semaines") semble avoir fait recette.

Les américaines et les japonaises partagent une même priorité : la perfection du teint. Et la problématique des pores en fait partie ! On connait la frénésie des japonaises pour les produits dits "blanchissants" (whitening), qui ont d'abord pour objectif d'unifier la peau et de la rendre plus lumineuse, plus transparente. On connait moins leur véritable obsession, plus forte encore, pour les pores visibles. C'est même l'angoisse première des japonaises aujourd'hui. Le facteur culturel (la quête de perfection) est sans doute amplifié par les mannequins hyper-retouchés des magazines, dont les pores ont été entièrement effacés. Les consommatrices ont développé une telle expertise qu'on distingue deux types de pores : ceux dus à l'excès de sebum (le climat très chaud et humide de certaines régions asiatiques, et notamment au Japon, est évidemment un facteur aggravant), et ceux rendus plus visibles par la perte de fermeté de la peau. L'offre produit est d'ailleurs pléthorique, en soin (version traitement) comme en maquillage (version camouflage).

Les pores ? Cela peut faire sourire. Le sujet n'est pas glamour, et la consommatrice française n'est pas particulièrement receptive à ce discours. C'est sans doute la raison pour laquelle Lauder tourne autour du pot dans la version française (sérum peau neuve affinant lissant), plus proche du concept initial d'Idealist. Mais il ne faut jamais prendre de haut une tendance qui nait dans les deux pays les plus en avance en matière de beauté. Surveillez vos pores !
Source photo : ici et

12 févr. 2008

Jean-Marie Bugarel : "Kaeline, haut de gamme, éthique, biologique et efficace"

Jean-Marie Bugarel est, avec Gaëlle Ferrière, le fondateur de Kaeline, marque de cosmétique naturelle entièrement fondée sur les bienfaits de l'huile d'argan. Entretien avec un entrepreneur passionné :

Comment est née la marque Kaeline ?
J'étais consultant dans le secteur bancaire à Casablanca en 2005. J'ai découvert en parallèle l'huile d'argan, et j'ai trouvé que cette huile pourtant exceptionnelle était insuffisamment mise en valeur : au Maroc, elle est considéré comme un "truc" de grand-mère, peu moderne ! Je me suis passionné pour cette huile, son histoire, sa rareté. L'huile d'argan est un concentré de beauté, mais aussi un concentré de Maroc, de ses richesses et de sa fragilité.

Avec ma meilleure amie Gaëlle nous avons décidé de franchir le pas et de créer une société au Maroc, avec l'idée que Kaeline devait être une marque haut de gamme, éthique, biologique et efficace, bref une marque dont l'image corresponde tout simplement aux caractéristiques de cette huile. Nous avons par la suite créé une seconde société Kaeline dans le sud de la France.

Comment s'est passé le choix des partenaires industriels ?
D'abord nous avons approché plusieurs coopératives d'huile d'argan à Agadir et Essaouira, en pré-sélectionnant celles qui partagaient le mieux notre esprit. Nous en avons retenu deux (une à Agadir et une à Essaouira), qui ont un projet d'amélioration des conditions de vie dans l'arganeraie et dont l'huile est certifiée bio par Ecocert. Nous avons développé avec ces coopératives un partenariat privilégié.
En France, nous avons noué un partenariat avec un petit laboratoire perdu au fin fond de la campagne aveyronnaise, spécialisé dans les huiles végétales et le bio. Le conditionnement se fait sans stress !

L'huile d'Argan est aujourd'hui très répandue en cosmétique, qu'est-ce qui fait votre différence ?
Nous avons voulu créer une marque à l'image de l'huile d'argan et de l'art de la beauté marocain.
Par conséquent nous avons adopté :
- un positionnement haut de gamme, avec une présentation raffinée, car nous sommes partis du constat que l'huile d'argan est trop souvent proposée comme un produit lambda;
- des formules à très fort taux d'huile d'argan (en moyenne 50%) car pour nous l'argan n'est pas un argument marketing mais un concentré de vitamine E dont il faut profiter au maximum, et aussi un revenu pour de nombreux paysans marocains. Nous associons à l'huile d'argan différentes huiles essentielles, pour une efficacité maximum : c'est le concept d'argathérapie;
- la certification Ecocert, car pour nous un produit cosmétique n'est réellement efficace que s'il est 100% naturel;
- la présence en institut de beauté et centres de soin uniquement (la plupart de nos concurrents sont en parapharmacie), car pour nous l'huile d'argan doit s'accompagner de soins spécifiques (nous proposons une gamme d'huiles de massage professionnelles pour les esthéticiennes).

Parlez-nous de votre distribution en France...
Nous avons 180 points de vente en France, notamment à Paris et en PACA, qui sont pour la plupart des instituts de beauté. Nous visons aussi de plus en plus les salons de coiffure haut de gamme, qui connaissent de plus en plus le formidable effet de l'huile d'argan sur les cheveux.
Nous distribuons nos produits en direct ou par l'intermédiaire de notre partenaire distributeur Sorapac, à Paris. Nous connaissons aussi une forte progression des ventes en ligne, par l'intermédiaire de notre partenaire Cosmaterra.

Et l'international ?
Nous sommes entrés en contact avec des distributeurs spécialisés dans les cosmétiques, et ce dans le monde entier. Nous sommes aujourd'hui présents dans 22 pays. Le marché étranger le plus dynamique est pour nous le Royaume-Uni, où un Spa très renommé du quartier français de Londres (the Spa at Blue Bird) nous a référencé. Récemment nous avons commencé la distribution de nos produits en Suisse, au Japon, à Hong-Kong et à Chypre.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?
Les projets sont nombreux, guidés par une passion sans limite. En mars nous allons lancer un baume lèvres Ecocert à l'huile d'argan. Plus tard dans l'année, des sérums pour les cheveux...

Merci à Jean-Marie Bugarel d'avoir bien voulu répondre à mes questions

Crédit photo : Kaeline

4 févr. 2008

Fidèle à la marque ou fidèle au magasin ?

Le mouvement de concentration qu'a connu le circuit sélectif est entré dans une nouvelle phase. Les grands réseaux de parfumeries, Marionnaud, Sephora et Nocibé en tête, cherchent désormais à faire entendre leur différence, à devenir en eux-mêmes une marque aux yeux des consommateurs. L'enjeu : se différencier pour fidéliser les clients. A chacun sa méthode : nouvelles offres de service, marques exclusives, décoration des magasins, programme de marketing relationnel... Cette année, et c'est une première, tous les principaux acteurs de la distribution sélective ont communiqué en télévision. Ironie du sort : toutes les pubs se ressemblaient plus ou moins, un peu dommage quand on veut se singulariser ! Mais ce n'est qu'un début, et les stratégies de communication vont s'affiner.

CosmetiqueMag [1] donne à voir la nouvelle stratégie de Marionnaud aux travers de six axes majeurs : renforcer l'expertise du personnel, déployer un nouveau complexe d'aménagement des parfumeries, proposer une offre produit spécifique, intensifier la fidélisation via le CRM, développer le e-commerce, revoir la gestion et la logistique... Mais le point majeur, c'est la refonte des codes de communication, avec un ton décalé et complice, une esthétique spécifique avec un principe de silhouettes d'homme et de femme qui incarnent le consommateur, et un slogan "ce qui est unique chez nous, c'est vous". Autant d'actions visant à renforcer la "marque Marionnaud" auprès des consommateurs. Et l'ensemble des distributeurs suit une démarche comparable, pour devenu le choix naturel, prioritaire, lors de leur prochain achat parfums-beauté.

Cette évolution est souhaitable, car elle participe à la modernisation du secteur, à revoir et enrichir l'expérience du consommateur. Tout cela pose néanmoins une question : est-il souhaitable que le marketing soit ainsi en train de se déplacer des marques vers les enseignes ? Auparavant on était client Chanel, Lancôme ou Dior, et le point de vente apparaissait en un sens plus secondaire, même si on avait ses petites habitudes... Sera-t-on demain un client Marionnaud ou Sephora, choisissant sur place son produit en étant indifférent à la marque ? Même si chacun des acteurs, marques et distributeurs, ont intimement besoin les uns des autres, ce partenariat ne doit pas basculer en faveur de la distribution, au-delà de ce qui est aujourd'hui le cas. Les marques ne doivent pas se reposer sur leurs distributeurs pour exister, pour créer l'indispensable lien avec le consommateur, au risque de ne devenir que l'accessoire de la relation enseigne-client.

[1] Cosmétiquemag n°85 - Février 2008

Crédit photo : ici

Himbos, sporno-stars ou metro-sensibles : quel nouvel homme êtes-vous ?

Ah les hommes ! Passionnant et inépuisable sujets d'étude, éternellement insaississables pour les professionnels de la cosmétique, analysés à l'infini, répartis dans des petites tribus bien identifiées... Olivier Raymond de l'agence Lonsdale s'est essayé à l'exercice, d'une manière plutôt inspirée et inspirante. Himbos, sporno-stars ou metro-sensibles : ces sous-segments des métro-sexuels n'auront pas de secret pour vous si vous lisez ceci.

1 févr. 2008

Eaux de printemps : un nouveau segment déjà surchargé ?

L'année 2008 entérine définitivement l'avènement d'un nouveau segment sur le marché des parfums : les eaux de printemps. Sont annoncées en ce début d'année, l'Eau Tendre d'Ange ou Démon (Givenchy), l'Eau de Printemps de Miss Dior Cherie, Pretty Nina (Nina Ricci), Dream of Pink (Lacoste), l'Eau d'Amour de Gaultier 2 (Jean-Paul Gaultier), Cherry Blossom Delight (Guerlain), First Premier Bouquet (Van Cleef and Arpels), et toutes ces éditions printanières font suite à leurs consoeurs de 2007 : Printemps à Paris (Celine Dion), Paris Jardins Romantiques (Yves Saint-Laurent), Touch of Spring (Lacoste), Euphoria Blossom (Calvin Klein), Chance Eau Fraiche (Chanel), Happy in Bloom (Clinique).

Sans trop m'avancer, je désignerais Paris d'Yves Saint-Laurent comme le parfum qui a, par ses éditions de printemps (Rose des vergers, Roses des bois...) a ouvert le marché. Ce nouveau segment (qu'il s'agisse d'éditions éphémères ou pérennes) est l'équivalent des incontournables eaux d'été, mais joue sur des thèmes conceptuels et olfactifs propres à la saison : fleuri, romantique, enjoué, juvénile...

J'y vois des avantages de trois types :
- conceptuel : pour les parfums romantiques et floraux, ces variations apparaissent en cohérence naturelle avec leur univers et installent davantage le territoire;
- commercial : en comparaison de la fête des mères, de septembre ou de Noel, la période semble commercialement un peu plus calme, mais il y a bien sûr la Saint-Valentin, date chaque année moins déterminante mais néanmoins non négligeable. Ces eaux permettent de disposer à cette époque d'une nouveauté visible mais dont l'effet sera plus pérenne que, par exemple, une offre promotionnelle dans un thème Saint-Valentin qui n'aurait plus d'intérêt passé le 14 février. Et le marché est moins encombré, moins galvaudé, et les prix moins tirés vers le bas que le segment des eaux d'été.
- stratégique en terme de gestion de gamme : c'est un corollaire de la précédente. Les marques concentrent les grands lancements sur la rentrée et le soutien de leurs piliers majeurs sur la Fête des Mères et Noel. Elles profitent donc de cette période moins concurrencée et moins déterminante pour animer leurs seconds ou troisièmes piliers (Paris, Miss Dior Cherie, Gaultier 2...).

Soyons maintenant totalement honnête : ce type de thématique nouvelle n'a-t-elle pas d'intérêt que tant qu'elle est exceptionnelle, étonnante, pas encore trop encombrée, bref, tant qu'on ne peut pas encore parler d'un "segment", mais juste d'une ou deux initiatives ? Avec dix, quinze nouveautés sur le même concept, et dans la même période, la prime reviendra aux marques les plus innovantes qui sauront jouer sur le thème sans s'arrêter aux idées les plus conventionnelles, vues et revues, et trouver leur propre façon, originale et distinctive, de s'exprimer sur ce segment.

Crédit photo : ici