29 nov. 2007

Une fusion Yves Saint-Laurent - Clarins : épisode II

Suite aux rumeurs de rachat de Clarins par le groupe PPR (propriétaire d'Yves Saint-Laurent Beauté), les autorités boursières ont demandé des explications claires des différents intervenants. La famille Courtin-Clarins, actionnaire majoritaire, a indiqué très officiellement qu'elle ne souhaite pas céder le contrôle de la société, et qu'elle entendait même profiter de la bonne santé financière de Clarins pour engager une politique d'acquisition.

En revanche, la fusion YSL-Clarins resterait à l'ordre du jour : PPR projeterait de céder son pôle beauté à Clarins en échange d'une participation minorataire dans ce nouvel ensemble.

Mise à jour : finalement c'est L'Oréal qui rachète Yves Saint-Laurent

24 nov. 2007

Nuxe s'engage pour un monde plus bio

C'est une initiative marquante pour le circuit des pharmacies : Bio Beauté n'est pas la première gamme bio vendue en officine, mais lorsqu'un tel lancement est réalisé par l'un des leaders du circuit, on s'attend évidemment à ce que cela change en profondeur la vision du bio pour les pharmaciens et leur clientèle. Et Nuxe est l'une de ces marques qui comptent dans l'univers de la pharmacie : comme sa concurrente Caudalie, elle a su créer et promouvoir ce créneau porteur du naturel glamour, alliant le sérieux scientifique de la pharmacie et le charme du circuit sélectif.


"Quand le monde est plus bio, les femmes sont plus belles", tel est le slogan de Bio Beauté by Nuxe. L'objectif affiché : réconcilier bio et glamour, fidèle à l'esprit Nuxe. Les formules, uniquement des textures huile visage et corps, sont exclusivement réalisés à base d'ingrédients d'origine naturelle, 98% des ingrédients sont issus de l'agriculture biologique, avec certification Ecocert. Le choix des huiles est guidé, j'imagine, par les contraintes de conservation des produits bio, mais c'est évidemment aussi une référence au best-seller de Nuxe, la fameuse Huile Prodigieuse. Les packs (verre, papier recyclé) viennent évidemment confirmer l'esprit écolo de la gamme. Le graphisme brut rappelle par exemple celui de l'Occitane, le logo Nuxe s'y fait trés discret. Le manifeste fondateur est d'ailleurs différent de celui de Nuxe : sur chaque étui, une charte baptisée le pacte Bio-Beauté, indique sur quels engagements (éthique, mais aussi plaisir, efficacité...) s'appuie ce lancement. Bref, plus qu'une nouvelle gamme Nuxe, c'est une nouvelle marque qui est ainsi lancée.

J'ai eu la chance de la découvrir en recevant, par le biais de la sympathique équipe de BuzzParadise, la gamme complète : 4 huiles pour le visage (démaquillante, hydratante, clairifante, apaisante), 3 huiles pour le corps (relaxante, raffermissante, nourrissantes). Ce choix d'une campagne buzz destiné aux bloggeurs me parait doublement cohérente :
- parce qu'Internet et les blogs sont un relais essentiel du mouvement bio, et qu'on s'adresse ainsi directement aux personnes déjà concernées, le challenge étant maintenant de séduire les clients habituels du circuit pharmacie qui ne sont pas dans une démarche bio;
- parce que l'une des réticentes courantes vis-à-vis du bio est l'impression que les textures ne vont pas être à la hauteur : amener des bloggeurs à tester les produits et parler de leur expérience, c'est déjà aider à lever cette barrière. J'ai distribué les produits autour de moi, les premiers commentaires sont très bons ! Aucune crainte à avoir de ce côté-là.

A n'en pas douter, ce lancement est un signe fort pour le déploiement du bio dans le circuit pharmaceutique, comme l'a été le rachat de Sanoflore par L'Oréal. En cas de succès, les autres grands acteurs du circuit devraient vraisemblablement emboiter le pas de Nuxe.

Crédit photo : Nuxe

19 nov. 2007

Une fusion Yves Saint-Laurent - Clarins ?

Rumeurs persistantes de rachat de Yves Saint-Laurent Beauté (Yves Saint-Laurent, Stella Mc Cartney, Alexander Mc Queen, Boucheron...) par le groupe Clarins, selon le blog Café-Beauté animé par une journaliste beauté...
A moins que ce ne soit l'inverse, et c'est plus probable, puisque l'action Clarins s'envole suite aux rumeurs de rachat par PPR (actionnaire de YSL Beauté).

Certes, Saint-Laurent Beauté n'a plus l'éclat des belles années 70-80, et même si certains lancements récents n'ont pas démérité, l'activité parfums-beauté de PPR-Gucci Group reste relativement morose dans un marché où ses grands concurrents ont de belles performances. Un nouveau souffle est donc bien nécessaire. Mais (si on s'appuie sur la première rumeur) quitter le giron PPR signifierait pourtant que les marques de parfums seraient donc séparées des marques couture et joaillerie correspondantes, ce qui fait toujours peser un risque sur la cohérence de l'identité de ces marques.

Avec Clarins, en terme de culture d'entreprise, on pourrait craindre qu'il s'agisse du mariage de la carpe et du lapin. Malgré ses racines très fortes dans le soin, le groupe a cependant bien réussi à développer Mugler et Azzaro, et ne peut que gagner à s'allier pour étendre son pôle parfums et maquillage (le segment le plus performant de Saint-Laurent, et l'un des points faibles de Clarins) et atteindre la masse critique indispensable pour son développement international.

Le groupe Clarins fait déjà depuis quelques temps l'objet de rumeurs de rachat, notamment par L'Oréal. En effet, l'Oreal a mis en vente 1,8% du capital de Sanofi-Aventis, et le marché s'attend à ce que les fonds ainsi dégagés soient réinvestis pour une acquisition de grande envergure, les analystes évoquant soit Clarins, soit... Yves Saint-Laurent Beauté ! Oui, c'est complexe. Clarins a également mentionné récemment le projet d'un rapprochement avec Inter Parfums, une opération qui lui permettrait de se renforcer sur l'axe parfums et sur les Etats-Unis (où Inter Parfums réalise près d'un quart de son business)... et, point non négligeable, de devenir un peu plus gros histoire d'être moins facile à croquer. Trop tard ?

Mais en cas de mise en vente de Clarins, le groupe PPR ne devrait pas être seul intéressé, d'autres groupes bien implantés dans le luxe et les cosmétiques (LVMH...), ou dans les biens de consommation (Procter&Gamble) sont susceptibles de se porter acquéreur.

L'hypothèse de rachat de Clarins par PPR-Yves Saint-Laurent est en tout cas privilégiée aujourd'hui lundi par La lettre de l'Expansion, une opération qui devrait être "formalisée avant la fin du mois".

- La suite ici (l'épisode 2 du feuilleton)
- Et finalement c'est L'Oréal qui rachète Yves Saint-Laurent (l'épisode 3)

15 nov. 2007

Les 10 plus grandes sociétés de cosmétiques

Le WWD International Beauty Report présente le classement des 100 premières sociétés de l'industrie cosmétique : avec 15 sociétés françaises figurant dans ce classement, la France est le 2nd pays représenté, derrière les USA (35 sociétés).



Voici le top 10 des sociétés cosmétiques (CA en Milliards de dollars) :
1 - L'Oréal (19.8 Mds $)
2 - Procter & Gamble (17.5)
3 - Unilever (12.8)
4 - Estée Lauder (6.8)
5 - Avon (6.0) : Avon
6 - Shiseido (5.9)
7 - Kao Corporation (5.0)
8 - Beiersdorf (4.9)
9 - Johnson & Johnson (3.8)
10 - Limited Brands (3.7)


Quelques autres sociétés françaises : LVMH parfums & cosmétiques [13e], Chanel [14e], Yves Rocher [17e], Clarins [24e], Pierre Fabre [28e], PPR [30e], Sisley [38e], L'Occitane [43e], Inter Parfums [47e], Alès Group [56e], Selective Beauty [59e], Hermès [79e]...

12 nov. 2007

Que sais-je du parfum ?

Que sais-je du parfum ? Jean-Claude Ellena, parfumeur de la maison Hermès, a pris la question de manière littérale, et s'est attaché à dire ce qu'il sait du parfum : son histoire récente, la composition d'un parfum, son marketing, ses grandes acteurs, sa règlementation...
Parce qu'il partage ici sa vision très personnelle du sujet, Ellena évite le côté habituellement austère des Que Sais-Je ?, tout en étant relativement exhaustif, et rend le parcours vivant. On perçoit bien les dynamiques de la création de parfum, et des pratiques commerciales. A la fin du livre, il s'adresse directement aux marketeurs et plaide pour davantage d'audace créative : ça devrait être une évidence, et pourtant...
Si l'univers vous intéresse, je vous conseille vivement cette lecture.
Pour acheter le livre sur Amazon, cliquez ici : Que Sais Je Le Parfum

6 nov. 2007

Beauté : 4 marques explorent le web 2.0

Je l'ai dit souvent sur ce blog, les tentatives des marques pour s'emparer du web 2.0 paraissent encore bien timides. 4 initiatives récentes marquent une nouvelle avancée : Mugler crée une galaxie de blogs, Diesel propose de personnaliser son parfum en ligne, Clarins lance une plateforme blog généraliste, Kenzo réinvente Facebook pour Kenzoki...
Aucune de ces initiatives ne sonnent faux, ne parait maladroite dans l'univers web. Ce n'est pas anodin. Peut-être est-ce même le signe que les marques commencent à savoir comment utiliser les outils 2.0 sans sacrifier leur image et leur âme... Très bon présage !

Mugler ouvre une Blogalaxy
J'étais invité à la soirée inaugurale (merci Stéphane), mais je n'ai malheureusement pas pu y assister : Thierry Mugler ouvre une blogalaxy, plateforme d'échange blog 2.0 dédiée aux fans de la marque, afin de créer une communauté de clients. 30 privilégiés ouvrent le bal, chacun disposant d'une invitation pour coopter de nouveaux membres. Mugler reste ainsi fidèle à son intérêt marqué et relativement unique, depuis la création, pour les techniques de fidélisation (cercle de clientes, rencontres célestes etc...). J'aurais sans doute l'occasion de reparler de la Blogalaxy très prochainement.
En savoir plus : ici sur les blogs passionluxe, philippe pinault, OptiMystic, ...



Clarins ouvre une plateforme généraliste dédiée au beau
C'est une question de culture d'entreprise : même groupe (le groupe Clarins possède également Mugler), même intérêt depuis les origines pour construire, par des initiatives CRM simples mais intelligentes, une relation durable avec les consommatrices. Clarins crée OrSériE, une plate-forme participative et interactive dédié au luxe, à la beauté, au bien-être, notamment nourri par des articles issus de blogs partenaires. A la différence de la blogalaxy Mugler, la plateforme ne s'adresse pas aux fidèles de Clarins, qui n'y joue qu'un rôle très discret. Une agence externe est d'ailleurs en charge de l'animation de la plateforme.

Diesel propose à ses clients de personnaliser leur parfum
Le lancement du nouveau parfum Diesel Fuel for life, le premier sous l'égide de L'Oréal qui a récupéré cette license très convoitée, a démarré très fort depuis le mois d'août. Un joli coup, tant d'autres lancements destinés à un public jeune ont paru à côté de la plaque ces derniers temps. Et Diesel a parfaitement intégré les nouvelles règles du jeu du marketing 2.0 : en cette période pré-Noël, avec le site Fuel for Life Factory, chaque client peut visionner le flacon à 360°, choisir la couleur du fourreau, de la lanière et du logo, offrant ainsi plus de 150 000 combinaisons possibles (source : Culture Buzz). Mais seulement 20.000 exemplaires seront disponibles. Une belle opération de buzz, et plus encore, la réalisation d'un fantasme de marketeur : le parfum customisable.


Kenzo s'inspire de Facebook pour Kenzoki
Kenzo a lancé le site MmmKenzoki.com, site privé où 100 blogueuses fans de soins et de cosmétiques ont, comme sur Facebook, un espace personnel pour échanger photos, vidéos et autres conseils en soin et beauté. En savoir plus ici.

Consécration

Dans le dernier roman de Frederic Beigbeder, « Au secours pardon », son personnage Octave déclare : « j’essaie toutes les crèmes anti-âge comme un vieux travesti : la Dior Homme Dermo-System à la B-Ecdysone cicatrisante et au phosphate de vitamine E… ». Oui, décidément, la cosmétique masculine est entrée dans une nouvelle ère. Et si la littérature est le plus sûr moyen d'entrer dans la postérité, alors il s'agit là d'une petite consécration.

2 nov. 2007

L'industrie cosmétique en 2020 : 6 tendances qui façonneront l'avenir de la beauté

Prédire l'avenir ! C'est un exercice délicat auquel se livre le magazine pro ICN (International Cosmetic News) pour son 100e numéro. Pas tout à fait de l'art divinatoire quand même, puisque cette prospective s'appuie essentiellement sur les tendances déjà présentes appelées à se renforcer dans les dix ou vingt prochaines années... Et je trouve ça passionnant.

Selon ICN, les sujets de discussion des acteurs du marché n’ont guère changé depuis le milieu des années 90 (je n'étais pas né... enfin, pas encore tombé dans l'univers de la cosmétique, en tout cas) : trop de lancements qui étouffent le marché, trop de promotions qui dévaluent le prestige des marques, trop de marché parallèle qui permet à des produits de luxe d’atterir dans des boutiques bas de gamme… et les marques continuent pourtant à construire leur business sur ces mêmes bases.

6 grands mouvements sont à prévoir. Rien de particulièrement surprenant, et pourtant, ICN confie que nombre de responsables de marque étaient incapables de donner leur vision à 10 ou 20 ans lorsqu'ils ont été interviewés dans le cadre de cet article. Et pourtant, il me paraît être le coeur de leur métier de savoir se projeter à long terme et donner la juste impulsion à la marque dont ils ont la charge pour qu'elles se positionnent de manière intelligente par rapport à ces évolutions !

MARQUES
Concentration - ICN prévoit la disparition des acteurs indépendants de taille moyenne, tel Clarins, Sisley, Puig (Nina Ricci / Paco Rabanne...), Beiersdorf (Nivea), absorbés par des groupes plus importants. Voilà qui devrait réjouir les dirigeants actuels de ces groupes ! Et à l'intérieur de ces marques, en raison du coùt que représente le lancement d'une nouvelle ligne, la tendance des lancements de nouveautés intégrés à des masterbrands ou franchises déjà établies ("flankers" en parfum notamment) sera confortée, dans cette même logique de concentration.
Dissémination - A l’inverse, la concentration des marques au sein des grands groupes laissera d'autant plus de place à de petits acteurs agiles, prêts à développer des niches de marché que les groupes importants auraient du mal à gérer, ou à des acteurs issus d'autres univers, comme Danone avec son yaourt beauté Essensis.

DISTRIBUTION
Concentration -
La distribution a déjà connu un grand mouvement de concentration, notamment avec AT Watson rachetant différentes chaines de parfumeries à travers l’Europe (dont le leader français Marionnaud), ou la fusion des grands magasins Federated et May aux Etats-Unis, et bien sûr cela ne devrait pas être terminé.
Dissémination - Le phénomène le plus intéressant, et déjà très largement visible aux Etats-Unis, et la concurrence de plus en plus vive d’autres formats de distribution qui font de la cosmétique leur (nouvelle ?) spécialité : pharmacies, spas, salons, magasins de mode en tout genre, magasins spécialistes du naturel, sites d’e-commerce généralistes… C'est là, dans cette concurrence diversifiée et multi-canaux, que pourrait se jouer une partie de l'avenir des marques.

CONSOMMATEURS
Nouveaux consommateurs - Pour toutes les marques, la croissance se fera aussi par de nouveaux consommateurs : les hommes, les seniors, et bien entendu les pays émergents. Jean-Paul Agon, président de L’Oréal, estime ainsi que chaque année, 70 millions de nouveaux consommateurs d’Europe de l’Est, d’Asie, d’Inde, d’Amérique Latine et d’Afrique ont les moyens d’accéder aux produits des marques du groupe. Le réservoir parait (pour le moment du moins) illimité ! Une bonne nouvelle, particulièrement pour les marchés matures comme le parfum… à condition de savoir s’adapter à une demande qui sera sensiblement différente de celles des marchés dominants actuels. Un vrai challenge.
... et consommateurs nouveaux - Mais même les consommateurs "connus" changent ! Car la relation avec le consommateur change : il s’agit de créer un nouveau lien où le consommateur serait lui-même un acteur de la marque. Vaste question, fortement influencée par le développement d’Internet, des blogs, des nouveaux medias d’une manière générale. L’industrie doit de toute façon apprendre comment développer l’expérience consommateur, remettre du fun, du glamour, du luxe dans la beauté. Indispensable pour un avenir prometteur.

Crédit incono : Cosmedias