27 sept. 2007

Beauté-test se met au bio

Je connaissais déjà le site beauté-test, impressionnante base de données sur les produits de beauté commentés par les internautes. Evidemment, dans un tel flot d'information, les petites marques bio ne pouvaient guère émerger, d'où la création d'un site jumeau consacré au bio : beauté-test bio, soit 131 marques - pour le moment - classées par type de labels bio (agriculture biologique, cosmebio, BDIH, cosmeco, nature et progrès, écocert...), et toujours les produits soumis aux commentaires des internautes. Une nouvelle mine d'infos pour les adeptes du bio.

Une info lue dans la Gazette Cosmétique

Toutes mes notes sur la cosmétique naturelle ici

25 sept. 2007

Fendi : le parfum en touche finale

Fendi poursuit sa métamorphose en lançant un premier parfum : c'est ce qu'annonçait cet été le site des Echos dans cet article, analyse fouillée des ambitions de la marque italienne et de sa stratégie pour y parvenir. LVMH met tout en oeuvre pour faire de l'ex-belle endormie un fleuron de la maroquinerie, un nouveau Vuitton. Si la marque dispose d'une notoriété somme toute limitée en France, elle est plutôt connue au Japon, aux Etats-Unis et en Italie.Son parfum Palazzo, lancé pour la presse en grande pompe à Rome en juin, devra ancrer les valeurs de la marque auprès du grand public et attirer de nouvelles clientèles.

A noter cependant qu'il s'agit non pas d'une naissance, comme on le lit partout, mais d'une re-naissance des parfums Fendi. Depuis le milieu des années 80, d'autres parfums Fendi (Fendi, Fendi Uomo, Asja,Theorema, Celebration) avaient tenté d'incarner les valeurs de la marque, sans rencontrer un succès pérenne. La licence détenue alors par Yves Saint-Laurent Beauté est revenue dans le giron de LVMH, propriétaire de la marque couture, avec la ferme intention de lui donner une nouvelle impulsion.

Crédit icono : Les Echos

21 sept. 2007

4 révolutions qui attendent la beauté

Elles ont déjà largement commencé à influencer les modes de production, de communication, de consommation, et elles s'annoncent comme des phénomènes de société majeurs incontournables des prochaines décennies. Ces quatre révolutions [1] bénéficient d'une forte médiatisation, et elles vont modeler les comportements futurs.

La cosmétique a beau être un secteur qui vit d'incessants changements et d'innovations continues, le poids des habitudes y reste particulièrement fort. Certaines de ces révolutions en marche n'ont encore eu qu'un impact marginal sur la manière d'opérer des marques. Pour combien de temps ?

1/ Marques : la révolution verte

Le thème du développement durable n'est pas prêt de quitter les feux de l'actualité : ce sera même le leitmotiv des décennies à venir. Et tandis que les industriels progressent sur le sujet, avec une offre de matériaux et de procédés "écolos" de plus en plus large, les consommateurs se montrent également de plus en plus sensibles aux marques issues de l'éco-citoyenneté. Qui aurait cru il y a encore peu de temps que la France, où la prise de conscience verte paraissait encore embryonnaire, pourrait avoir un ministre d'état chargé de l'écologie ? Ce mouvement est pour le moment l'apanage de petites marques, d'alternatifs, mais déjà les grands groupes s'emparent du sujet et devraient en être demain les principaux promoteurs. Au-delà du naturel, c'est l'éthique en général, une quête nouvelle d'authenticité (par exemple, revenir aux racines "artisanales" du luxe) qui devrait être un moteur de fidélisation des clients, et donc de pérennité pour les marques.

2/ Produits : la révolution grise

La population mondiale vieillit, et pourtant la pression de l'idéal de jeunesse et de beauté parfaite va continuer d'imprégner la société. D'où pour les seniors la quête de solutions pour préserver sa beauté et son capital seduction, quel que soit l'âge. Tous les segments de la beauté sont concernés car tous contribueront à remplir cette mission : soins anti-âge bien sûr, mais aussi le maquillage, les parfums, les soins capillaires, la toilette... Les discours holistiques, globaux, associant cosmétiques, compléments nutritionnels et coaching pour une parfaite hygiène de vie, seront indispensables pour justifier le rôle des marques et pérenniser leur succès. Enfin, le recours plus fréquent encore à des actes esthétiques médicaux et chirurgicaux amènera au développement d'une offre beauté chargée de la prise en charge pré ou post-intervention.

3/ Communication : la révolution ludique

L'industrie du jeu video a déjà supplanté aux Etats-Unis le cinéma, et cette suprématie du divertissement "actif" modifie en profondeur les attentes des consommateurs en matière de communication. Alors que la beauté et le parfum misent encore principalement sur les pages de pub dans la presse féminine et la télévision, les marques doivent accorder une place grandissante au buzz et au blog marketing, au CRM, à l'advertainment, au street marketing, sur les réseaux sociaux type Second Life, autant de manières nouvelles de communiquer pour établir une relation plus forte avec les consommateurs. Ces attentes nouvelles des consommateurs s'incarneront également dans la recherche d'approche plus ludique, dans la lignée des conseils beauté sur console video, des marques "fun" avec un discours décalé, d'une shopping experience qui tient plus du parc d'attraction que de la boutique traditionnelle... Une remise en question totale de la relation à la marque distante et professionnelle encore en cours aujourd'hui.

4/ Distribution : la révolution multi-circuit

Jusqu'à présent, chaque marque de beauté avait son circuit de distribution de prédilection : parfumerie, supermarché, vente à distance ou pharmacie. Si le développement d'Internet comme circuit de distribution (au-delà de sa fonction de vitrine) a été plutôt lent et plutôt réservé aux distributeurs off-line, la situation évolue avec l'éclosion de e-boutique de marques (Lancôme en a été l'un des pionniers parmi les grandes marques, bientôt rejoint par Mugler, Clarins, Dior...). Il faut dire que le renversement des pouvoirs au profit des distributeurs, avec l'avènement des chaines et la disparition progressive des indépendants, oblige les marques à revoir leur position et à tenter d'établir un lien plus direct avec leurs clients. D'où la création de site d'e-commerce en propre mais également la diversification des circuits de distribution.

Les frontières tombent : les marques de parfumerie cherchent des relais de croissance dans la vente à distance grand public (Lacroix, Mugler), certaines marques sont simultanément lancées en parfumerie et en supermarché (Céline Dion), des marques de pharmacie concurrencent clairement la parfumerie... Une confusion des genres qui présagent d'un éclatement et d'une redéfinition des univers de distribution. Ce ne sera plus le mode de distribution qui définira la catégorie de la marque, mais la manière dont elle-même se mettra en scène dans ses différents circuits de distribution.

Qu'en pensez-vous ? Voyez-vous d'autres grandes mutations en cours ?

Inspiré du dossier L'entreprise dans 10 ans, Courrier Cadres juillet-aout 2007

19 sept. 2007

Stephane Galienni : "Le triple jeu annonceur-agence-blogueur est en train de se réinventer"

Attention : interview passionnante ! Artiste-peintre plasticien et théoricien en buzz communication : Stéphane Galienni met cette double casquette atypique au service de marques désireuses de bénéficier pleinement de la caisse de résonance sans égal qu'offre Internet, avec éclat et créativité. Un talent indéniable dont témoignent ses deux opérations, pour Jean-Paul Gaultier et Lancôme. Quand le buzz rencontre l'art...

Comment es-tu devenu "créateur de buzz" pour des marques ?

J’ai un profil atypique de communiquant, car le « buzz » a toujours fait partie de ma culture en tant qu’artiste. Après une maîtrise en Art & Communication à la Sorbonne, j’ai débuté en 1998 comme illustrateur chez Publicis, puis comme directeur artistique. A la bonne école, formé par le brillant Eric B. aka Darkplanneur, j’ai appris les grands principes du métier de créatif mais surtout une solide culture publicitaire. En 2003, je quitte le Groupe pour revenir à mes activités artistiques, notamment la peinture. Fourmillant de projets et de rencontres, je navigue entre commandes publicitaires et artistiques, notamment aux côtés d’Alexandre Very et d’Emmanuel Vivier, avec qui nous formons le trio fondateur du portail Culture Buzz.

Je réalise par la suite de nombreuses campagnes « buzz » pour de petites et grandes agences parisiennes, de 2003 à 2007, avec toujours à l’esprit l’envie de créer, d’innover. Hors agence, je travaille directement pour l’industrie du luxe qui cherche ses repères sur le net. D’abord sur le concept viral de lancement pour Terre d’Hermès, puis sur Fleur du Mâle de Jean-Paul Gaultier, et enfin Trésor de Lancôme. Je conseille d’ailleurs actuellement davantage d’annonceurs du secteur luxe, culturellement et traditionnellement habitués à collaborer avec des artistes.

Comment as-tu découvert Second Life ?

J’ai découvert Second Life comme tout le monde, mais un tout petit peu avant tout le monde ! J’ai ouvert un compte en 2005 mais j’ai commencé à m’y intéresser vraiment en septembre 2006, avec l’implantation de Dior. Curieux d’y remettre les pieds, j’ai découvert un monde passionnant, révolutionnaire, étonnement créatif, et plein de possibilités !

Contrairement à beaucoup de mes confrères blogueurs, je pense que Second Life est un phénomène de fond, dont la courbe d’adoption est relativement longue sur le média Internet. La découverte du phénomène en cette année 2007 n’est que la conséquence du dépassement d’un "tipping point", un point de bascule qui assure maintenant son rythme de croisière …L’avenir de Second Life est résolument le développement de nouvelles expériences d’immersions dans le média Internet, donc porteur d’avenir. Et si le web 3.0 était un web en 3D participatif ?

Tes deux dernières opérations dont j'ai connaissance, Fleur du Mâle et Trésor sont très différentes : Second Life est le coeur du dispositif de la première, et davantage un relais pour la seconde...

Picasso disait « ne jamais faire deux fois la même chose »…De la même manière, j’ai toujours conçu des campagnes comme des pièces uniques et sur mesure. Or, l’avantage avec le monde du luxe et du parfum, c’est qu’il y a toujours une histoire à raconter. Chaque proposition scénaristique selon moi doit être propre à l’ADN de la marque, évocatrice de son sens caché, du message inconscient qu’elle délivre. Un ré-enchantement permanent.

L’éclosion de fleurs virtuelles sur Second Life au premier jour du printemps pour Fleur du Mâle est une proposition poétique et surréaliste, redoublant d’efficacité marketing en terme de sens et de visibilité. Mais si Second Life est l’épicentre de la campagne buzz, la stratégie d’approche RP et de propagation virale a été orchestrée à l’extérieur du monde virtuel : le choix ou «casting» des influents a été déterminant sur cette campagne car il fallait sélectionner des blogueurs a priori prescripteurs du créateur Jean-Paul Gaultier mais qui, en plus, étaient visiteurs occasionnels ou résidents assidus de Second Life. Après le happening virtuel, il faut savoir qu’une soirée privée a eu lieu dans la vraie vie, à la Maison Blanche, où les influents se sont vus offrir de vraies roses blanches ainsi qu’un flacon 75 ml du parfum. Sur les 30 influents sélectionnés, 28 ont acceptés l’invitation et sont venus sur Second Life. Avec un taux de retour à 98% d’avis neutre ou positif sur les 120 blogs monitorés, on peut considérer que l’approche qualitative est bien payante.

Il faut donc comprendre que l’implantation d’une campagne sur Second Life doit être transversale à d’autres moyens, comme les blogs par exemple. Pour la révélation de la nouvelle égérie de Trésor, Kate Winslet, il est intéressant de noter l’éventail d’une communication à 360° : tandis que Kate Winslet est révélée à un dîner privé réunissant 180 VIP presse au musée Rodin, une dizaine de VIB (very important blogueurs) assistaient à cette révélation depuis l’Institut Lancôme tandis que 60 autres avatars vivaient l’instant au pied de la tour Eiffel du Paris virtuel, sur Second Life. Trois approches, mais aussi trois publics différents, tous leaders d’opinions dans des environnements reliés à la marque. Le relais du buzz prend aussi quand le dispositif lui-même donne matière à parler.

A quel stade interviens-tu : en amont, pour créer le concept même de l'opération, plus en aval pour contacter les blogueurs et leur faire connaitre l'opération, plus loin encore pour maintenir le buzz... ?

J’interviens à chaque stade, en amont et en aval, mais à des niveaux d’implications différents, où je peux déléguer l’opérationnel à des partenaires compétents. J’ai d’ailleurs ma propre théorie là-dessus, inspiré de mon expérience à mi-chemin entre l’art et la publicité. C’est une forme d'«art balistique » qui consiste à négocier le bon message au bon moment, dans la bonne direction…et à la bonne personne ! Il faut prendre en considération tout un ensemble de paramètres risquant d’interférer ou de perturber le message viral durant sa propagation, en amont.

Dans la pratique, les techniques de marketing viral ou buzz marketing sont devenues tellement standard qu’il faut toujours trouver un angle d’attaque créatif juste - pas trop avant-gardiste ni déjà-vu – pour pérenniser sur un message impactant mais ouvert, permettant de multiples rebondissements.

Qu'est-ce qui t'a amené à accepter ces collaborations ?

L’argent, bien sûr ! Mais pas seulement. Ancien salarié d’agence, puis consultant indépendant et surtout artiste, j’ai aujourd’hui le luxe de choisir mes clients, ou en tout cas de refuser une commande. De ma trentaine confirmée, j’accepte une collaboration si elle me fait découvrir de nouveaux chemins ou de nouveaux défis, comme second life par exemple.

Comment la blogosphère accueille-t-elle ces initiatives de la part des marques ? quelles sont les choses à faire et à ne pas faire sur Second Life ?

Pour Second Life, il n’y a pas de règles, c’est vraiment la conquête d’un monde virtuel avec ses pionniers et ses terres promises…Je ne crois pas à des recettes miracles mais vraiment au cas par cas. Donc je dirais que ce n’est pas Second life qui importe, mais le discours que la marque souhaite y établir. Puis, après une première phase de découverte ouverte par les marques pionnières, les annonceurs vont devoir maintenant s’implanter avec une stratégie long terme, et considérer Second life comme un vrai média plus qu’un gadget RP.

Comment la blogosphère et les fans de Second Life jugent-ils ton rôle ?

Les blogueurs ne me situe plus très bien, je crois ! Artiste-touche-à-tout, buzzer, blogueur, pocketfilmer, performer, consultant…mon blog est devenu un incroyable fourre-tout de mes activités ! En réalisant des happenings virtuels sur Second life, je pense qu’on doit me prendre vraiment pour un extra-terrestre ! De l’autre côté, les puristes de SL me connaissent mais il faudrait que je m’immerge davantage dans ce monde pour devenir leur « ami ». J’ai traversé suffisamment de milieux communautaires pour comprendre les limites du genre, ce qui m’intéresse c’est comprendre l’éco-système d’un groupe social. Je crois que l’artiste a pour rôle d’être un « passeur d’idées », donc à la frontière de beaucoup de communautés !

Y'a-t-il encore une méfiance des blogeurs vis-à-vis des tentatives de séduction des marques ?

La vulgarisation de la pratique buzz génère aujourd’hui de la buzz victim. Les blogueurs prisés par les agences et les annonceurs ne font finalement plus que relayer du buzz ou tester des produits, ce qui devient improductif pour tout le monde. Le triple jeu annonceur-agence-blogueur est en train de se réinventer, notamment par l’événementiel qui redonne la place à l’humain et l’émotion sur la découverte d’un produit ou d’un service. C’est particulièrement valable pour le luxe, où la notion de service et la politique relationnelle prime.

La publicité dans sa globalité est déjà omniprésente alors autant respecter, sur un média qui l’autorise, la relation qui unit une marque et un ensemble de consommateurs appropriés. Avec les blogs, on passe du support au « supporters » de marque.

Je crois surtout que le modèle prédominant en 2008, sera celui de « brand community » avec de nouveau métier comme le « community relation manager » et des nouveaux terrains d’adoption comme facebook, Twitter ou Second Life.

Qu'est-ce que ces opérations de buzz apportent particulièrement aux marques de luxe ?

Si le buzz repose pour beaucoup sur les blogueurs, la blogosphère se divise aujourd’hui en constellations d’affinités. Or, on arrive aujourd’hui a la limite de la pratique avec un nombre croissant de campagnes « buzz » calquées les unes sur les autres et qui participent de surcroît au brouhaha général ! Je crois que le luxe a une histoire différente à raconter, mais par un mode opératoire plus subtil pour une cible qualifiée. C’est en limitant l’accès à son monde et ses secrets que les marques du luxe feront le plus bel effet. Le luxe n’a pas besoin de crier pour se faire entendre. Le luxe est chuchotement.

Un grand merci à Stéphane d'avoir répondu à mes questions.

18 sept. 2007

Intuition ou études de marché ?

Dans son blog "idées jaunes", Mark cite une interview de Renzo Rosso, créateur de Diesel : "On avance à l’intuition, à la sensation, à la vibration. On n’effectue pas d’études de marché traditionnelles car quand elles arrivent, elles sont déjà obsolètes". Mark défend l'idée que les deux méthodes se tiennent, et qu'il faut simplement "choisir l’une des deux approches, s’y tenir dans la durée et y développer des compétences de pointe. Il s’agit de devenir le champion de l’intuition ou le champion des études." J'aime beaucoup cette idée. Et en matière de parfums et cosmétiques, je ferai confiance en premier lieu à... l'intutition.

Intitution vs étude

A moins d'avoir des budgets colossaux, on a tendance à réaliser des études somme toute assez légères au regard du marché. Même les grandes marques internationales peuvent rarement s'offrir des études dans de nombreux pays, avec un panel suffisamment grand. Dans ce contexte, difficile d'avoir des tests qui seront représentatifs d'un accueil réel du produit à travers le monde. Ces études visent souvent plus à conforter l'intuition de départ qu'à réellement prendre une décision : valent-elles donc le coût, l'effort, le temps passé ? Et à part pour des soins extrêmement ciblés nécessitant un panel par exemple de peaux présentant des problèmes bien précis, à part pour valider une intuition réellement fantaisiste et rupturiste, l'utilité réelle est moindre.

Il arrive également qu'on teste un élément du mix, alors qu'un produit est d'abord un ensemble de signes (fragrance ou formule, packaging, nom, communication, mise en scène en point de vente...). Par exemple, les parfums lancés sur le marché sont souvent très positivement évalués en 'sniff test', contre les grands leaders, et ce n'est en rien une garantie de succès. Le consommateur va au final avoir en face de lui un mix complet dont chaque élément participe à son choix, et pas seulement le parfum lui-même. Le 'sniff test' va au final servir à rassurer, à confirmer l'intuition initiale, à vérifier que le produit n'est pas rejeté... autant dire qu'on obtient des résultats proches en interrogeant une quinzaine de personnes de son entourage.

L'intuition est plus forte, encore faut-il s'y fier

Alors, me direz-vous, pourquoi les marques sont-elles si attachées aux études de marché ? Pour faire confiance à l'intuition, encore faut-il s'entourer de personnes intuitives. Cette lapalissade n'en est pas une, car c'est une qualité finalement assez rare. Les marques les plus fortes sont celles qui réussissent à attirer des profils fortement intuitifs, et surtout, à les laisser s'exprimer. Car c'est toujours plus facile de convaincre un manager inquiet en lui disant "98% du panel a apprécié le produit" que "j'ai une conviction forte sur ce produit". L'étude de marché est un palliatif à l'intime conviction.

Lorsque l'étude est utilisée pour la prise de décision, elle met d'abord en lumière ce qui est consensuel, ce qui est validé par la majorité des utilisateurs, ce qu'ils ne détestent pas. Le risque c'est évidemment le consensus mou, finir avec une offre lisse et sans risque qui ne déplait à personne, mais n'a sans doute pas la magie nécessaire pour émerveiller, étonner, détoner, fidéliser à long terme. Angel, FlowerbyKenzo ou même Chanel n°5 sentiraient-ils différemment si leurs créateurs s'étaient fondé sur des tests quantitatifs pour les valider ?

La beauté est un univers avant tout irrationnel, parce que dans l'acte d'achat interviennent de très nombreux facteurs non rationnels, irréfléchis, intangibles. Dès lors, comment rationaliser la création d'un produit qui sera choisi pour des raisons en grand partie irrationnelles ? Soyons solides sur les éléments tangibles, mais laissons l'intuition parler sur l'essentiel.

17 sept. 2007

La publicité-spectacle fait son grand retour

C'est le grand come-back de la publicité-spectacle ! Cet article des Echos annonce ainsi la résurgence de ce qui fut la signature de la créativité publicitaire des années 80, à savoir des écrans télé accueillant dans la démesure des spots inspirés du théâtre ou de l'opéra, de véritable mini-clip, des sagas publicitaires inventives et grandioses (Perrier, Kodak, Lee Cooper...). Le président de M&C Saatchi GAD indique ici : "A la fin des années 1980, on a assisté à un effet de ciseaux qui a provoqué sa perte : d'un côté, en effet, des consommateurs qui commençaient à subir la crise et une perte de leur pouvoir d'achat et, de l'autre, des productions extraordinairement coûteuses pour vanter une voiture ou un soda, qui leur paraissaient déconnectées de leur vécu".

Le parfum ne fut pas en reste et certaines campagnes de l'époque ont une telle rémanence que le grand public a à peine remarqué les publicités plus récentes, ne gardant en mémoire que les pubs fleuves de ces années magiques et insouciantes : Egoïste de Chanel, Fahrenheit de Dior, Obsession de Calvin Klein, Coco de Chanel...

Le spectaculaire, une réponse à Internet

Mais si les publicités d'alors donnaient dans l'extraordinaire, c'était surtout parce que le succès se devait d'être affiché avec éclat, dans ce qu'on appelle maintenant les années-fric. Aujourd'hui, si le résultat est proche, l'enjeu est bien différent : le consommateur est saturé de publicité et la pub TV est banalisée par Internet, avec des mini-films plus drôles, plus osés, plus délirants. dans la droite ligne de l'advertainment. La télévision doit réagir et offrir à son tour de l'imaginaire et du spectacle, d'où la création de spots fleuve à grand budget. Et c'est sans surprise Nicole Kidman pour N°5 qui sert ici d'exemple.

La révolution technologique a également une influence sur la création elle-même : le grand public s'est habitué à un certain type d'écriture visuelle spectaculaire à base d'effets spéciaux, auquel s'ajoute dans le cas de la publicité l'obligation d'être distinctif et attractif.

Le parfum et le spectacle

Un univers comme le parfum, totalement drivé par l'imaginaire, est évidemment très lié à sa capacité à créer des territoires publicitaires étonnants, différents, magiques. C'est d'ailleurs presque une marque de fabrique pour Chanel, habitué des productions hollywoodiennes pour ses lancements majeurs. Etonnamment, parmi ses concurrents, il n'y a pas eu tant de campagnes récentes susceptibles de faire vibrer le grand public. Les marques prendront-elles le train de la pub-spectacle en route pour apporter leur pierre à l'édifice ? Elles ont en tout cas une belle carte à jouer. Dernièrement, des publicités comme Coco Mademoiselle (encore Chanel !) ou Midnight Poison (Dior) s'inscrivent en tout cas en beauté dans cette lignée.

Le film publicitaire Midnight Poison de Dior, signé Wong Kar-Waï, et dont Eva Green est l'égérie :

13 sept. 2007

Coco Mademoiselle : Chanel a le sens du spectacle

L'histoire du parfum Coco Mademoiselle est presque un miracle dans l'évolution récente du marché. D'un lancement presque tactique il y a 7 ans, particulièrement destiné aux Etats-Unis, Coco Mademoiselle s'est hissé progressivement au 2e rang mondial derrière un autre Chanel, le mythique N°5, inaugurant une vague de chypres modernes plus frais et léger que leurs prédécesseurs. La marque n'a pas ménagé ses efforts, mais sans toutefois épuiser toutes ses cartouches : notamment jusqu'ici il n'existait pas de film publicitaire, uniquement un visuel renouvellé chaque année (dont Kate Moss était l'égérie ces 5 dernières années).
Aujourd'hui, la marque met sa force de frappe et son sens du spectacle au service de Coco Mademoiselle, avec un film publicitaire magique dans lequel Keira Knighley tient le rôle principal. Et plus encore que le film, qui marquera sans nul doute les esprits, c'est encore une fois le dispositif qui entoure son lancement qui va créer le buzz, comme dans un passé récent pour le Rouge Allure (lire ma note sur ce sujet ici) et Chanel N°5.

Coco Mademoiselle s'adresse à une clientèle plus jeune que le pilier N°5, et par conséquent le parfum est particulièrement en affinité avec le média Internet. Le New York Times détaille une partie du dispositif on-line et off-line :


- une campagne pub classique sur des sites majeurs

- un site http://www.mademoiselle-forever.com/ présentant une visite virtuelle des appartements de Coco Chanel ainsi que des videos relayant une opération de "street marketing" de luxe à Londres, Paris, Hong-Kong, Tokyo et New York (des citations de Chanel sur la mode, le style et la beauté, projetées sur des façades d'immeuble)

- 100 (et non 200*) bloggeurs ont reçu un kit de communication ainsi qu'un accès en avant-première à un site web présentant le making of du film


- 15 (et non 12*) bloggeurs star ont été invités à Paris afin de visiter l'appartement de Chanel (lire tout le récit de Géraldine ici, toutes les Chanel-addicts la haïssent déjà - merci à Greg pour l'info)

- Les bloggeurs et les clients ont reçu un accès à un site web présentant la version 60" du film publicitaire.

- dans les boutiques Chanel, un écran interactif réagissait aux mouvements des passants, les miroirs pivotants pour révéler la première image de Keira Knightley…


On ne peut qu'admirer Chanel de montrer ainsi la voie aux autres marques, s'agissant d'actions de buzz marketing inspirées et haut de gamme qui ne font qu'amplifier les effets de la campagne publicitaire classique, et, au-delà, l'aura de la marque.

En comparaison du film, le visuel me laisse plus dubitatif. On n'y retrouve en effet guère les éléments les plus marquants du film. Je l'interprète comme une volonté de rester proche du précédent visuel avec Kate Moss au travers de détails communs (pose, accessoires...), avant d'utiliser l'année prochaine d'autres visuels issus de l'ambiance du film, comme on l'a vu pour Chanel N°5 dont le visuel a changé chaque année, rappelant à chaque fois une scène différente du film avec Nicole Kidman.

Le making-of



A lire également l'article sur Culture-Buzz

Crédit photo : Chanel

*merci à Lady V pour ces précisions (voir commentaires)

12 sept. 2007

Photo cosmétique

HP innove avec des appareils photo à visée "cosmétiques". Deux nouveautés ont ainsi une fonction retouche automatique : l'une déforme légèrement la photo pour un effet amincissant, l'autre comporte un algorithme anti-âge supposé réduire automatiquement les rides et autres signes de l'âge.

La marque annonce également pouvoir prochainement intégrer une fonction conseil aux appareils photo : la photo de l'utilisatrice, prise avec son portable, est envoyée par MMS à un serveur qui "maquille" automatiquement le visage puis lui renvoie une proposition de maquillage.

La photo cosmétique : une voie d'avenir pour les fabricants ? A lire les réactions mitigées des passionnés de photo en commentaires des blogs liés plus haut, il y a encore du progrès à faire d'un point de vue technique pour que le résultat soit impeccable. Et en matière de beauté, c'est la perfection qui fait foi.

Crédit photo : HP

Fragrances californiennes

L.A. côté parfum ? C'est l'invitation lancée par Osmoz au travers d'un reportage sur Los Angeles, un carnet de voyage bien particulier puisque l'itinéraire est consacré aux parfumeries les plus hype, aux marques les plus confidentielles, un univers de passionnés où les marques de niche sont aussi les marques des stars.

Crédit photo : Osmoz

10 sept. 2007

Les 8 commandements du blog marketing

Le blog marketing est un vrai défi pour les marques de beauté. Comment s'affranchir des modes de communication traditionnelle, bien ancrés dans les habitudes ? Les bloggeurs concurrencent-ils les sacro-saints journalistes beauté, faut-il leur parler différemment ? Faut-il accepter que les discours marketing soit transformés, remis en question, voire dénaturés ? Ce dialogue n'est pas inscrit dans les moeurs des marques, particulièrement dans l'univers du luxe, et pourtant il devient incontournable.

Après avoir lu les notes particulièrement inspirées du blog de Cedric [1], qui ont été un excellent point de départ, j'ai réuni ici quelques règles utiles à destination des marketeurs

1 - Tu te mettras au blog marketing
Selon une étude Ipsos réalisée en 2006, 44% des internautes s'informent sur un blog avant l'achat d'un produit. Le phénomène des blogs amène ainsi une redéfinition des pratiques marketing : après le marketing de masse puis le marketing one-to-one, on est dans le marketing consumer-to-consumer. C'est désormais le consommateur-bloggeur qui parle et influence directement d'autres consommateurs, son discours est moins controlé et donc a priori plus digne de confiance, avec un impact positif ou négatif sur les ventes des produits. Les marques doivent donc nécessairement être présente sur les blogs.

2 - Tu ne tricheras point
Les marques peuvent-elles confondre influence et manipulation ? Même s'il est plus fun de parler de guerrilla marketing ou d'undercover marketing, utiliser le blog pour faire de la promotion pure et dure à visage caché n'est pas en phase avec l'éthique de la blogosphère. Et le retour de baton peut être rude.

Si par "blog marketing" on parle de communiquer avec ou sur les blogs, certains pourraient entendre par là "créer un blog à la gloire de ces produits". C'est généralement une erreur. De très nombreux cas de flogs (fake blogs), aux Etats-Unis (Wal-Mart, Sony PS3), en France (Vichy), en Allemagne (CKin2U) ont démontré que les bloggeurs identifient sans difficulté qu'un blog qui fait l'apologie d'un produit est nécessairement louche, et une fois démasqué, cela peut faire très mal. Même principe qu'"acheter des bloggeurs" pour qu'ils s'extasient sur un produit. Dans tous ces cas limites, le risque de générer un buzz négatif est énorme, et il existe des moyens plus honnêtes d'obtenir un meilleur résultat !

3 - Tu engageras un dialogue long-terme avec les internautes
Même dans le cas d'un blog ouvertement créé par la marque pour un produit, et communiqué comme tel en toute honnêteté, le procédé est plus éthique mais le résultat n'est pas forcément efficace. Susciter l'intérêt de la blogosphère dans ce contexte n'est pas évident. Ce qui fait l'intérêt d'un blog, c'est généralement la création d'une relation long terme et personnelle qu'entretient le bloggeur et ses habitués. Un blog de marque éphémère, ou au ton trop policé, trop institutionnel, peut être assez dissuasif pour les internautes.

Les consommateurs se fient moins aux discours de marques et davantage à l'avis d'autres consommateurs sur le net. Mais faire une grosse initiative ponctuelle auprès de bloggeurs-stars n'est pas forcément le meilleur moyen d'être bien vu. Par exemple, j'ai déjà mis en garde les marques contre une présence éphèmère sur Second Life, dans le cadre d'un évènement de relation publique, qui risque d'être taxée d'opportuniste par les participants qui sont sur Second Life dans une optique long terme et préfèrent les marques qui s'investissent sur la durée pour bâtir ce monde virtuel. Dans le même esprit, la relation avec les bloggeurs doit s'établir sur le long terme avec la marque, plutôt que ponctuellement avec un seul produit.

Et lorsqu'il s'agit d'aborder le bloggeur, quelques conseils ne sont pas inutiles pour éviter les erreurs basiques de la prise de contact dont nous faisons tous les frais (message-bateau "wahou je kiffe ton blog et si tu parlais de notre crème supersonique ?", mauvais ciblage "la crème supersonique est une crème chantilly qui intéressera certainement vos lecteurs gastronomes", relance quasi-immédiate et limite agressive "comment se fait-il que vous n'ayez toujours pas parlé de la crème supersonique alors que nous vous avons envoyé un mail ce matin ?" etc...).

4 - Tu ne confondras pas bloggeurs et journalistes
Le journaliste a pour métier, et pratiquement pour obligation, de transmettre les informations, et dans la plupart du cas, avec une relative neutralité. Le bloggeur, aussi "pro" soit-il, choisit librement ses sujets et a toutes les bonnes raisons de donner son opinion, fut-elle très négative. Il faut donc savoir approcher le bloggeur avec une information qui va l'intéresser, si le bloggeur y trouve un bénéfice. De même, le bloggeur ne dispose pas toujours de l'équipement et des infrastructures d'un journaliste. Parfois, un détail aussi insignifiant qu'oublier de fournir au bloggeur une photo du produit conduit à avoir des images hideuses ou pas d'image du tout sur le blog, et dans le cas d'un produit dont l'intérêt est d'abord très visuel, cela peut même dissuader le bloggeur d'en parler.

5 - Tu attacheras autant d'importance à la forme qu'au fond
Si le contenant a évidemment une importance décisive pour emporter l'adhésion des consommateurs, le buzz, lui, n'est pas uniquement généré sur la base d'un bon produit. Les messages qui profitent le mieux de la viralité d'Internet sont ceux qui ont su prendre une forme étonnante, originale, suffisamment différenciante pour mériter d'être diffusée. Il est donc essentiel d'habiller le message pour qu'il vaille le coup d'être montré sur un blog, exposé dans une notes, transmis d'un internaute à l'autre. Ce qui suppose évidemment une parfaite connaissance des ressorts de la blogosphère. Pensez par exemple à la fameuse video virale Dove, idéalement pensée, en terme de format et d'impact, pour le web.

6 - Tu accepteras de perdre le contrôle
Générer du buzz, c'est laisser le message évoluer et se propager par lui-même. Son contenu, sa teneur, son esthétique peuvent être ainsi modifiés, transformés, et parfois ternis par les relais que sont les bloggeurs et les internautes en général. Ce que la marque peut perdre en perfection, elle le gagne en authenticité et en crédibilité. Pour une marque de luxe, il peut évidemment être difficile à digérer que la belle communication de son grand parfum institutionnel devienne un texte bourré de faute d'orthographe ou en langage SMS (" N°5 c trop cool lol ;-) "), mais si on a ce type de réserve, difficile de profiter à plein de la viralité du buzz. Cela n'exclut pas pour la marque de surveiller le buzz, et éventuellement réagir sur les blogs pour recadrer en douceur, clarifier des incompréhensions etc...

7 - Tu te prépareras à un éventuel buzz négatif
Qui dit buzz, peut vouloir dire buzz négatif, et cette donnée doit également être intégrée. Là encore, il faut être attentif et être prêt à réagir pour offrir réparation. Sur son blog, Olivier décrit ainsi comment, après avoir critiqué les services de la chaine de restaurant Sticky Fingers, s'est vu offrir un vrai dédommagement qui démontrait combien ils tenaient compte des avis de leurs clients. Il est donc possible de contrer un buzz négatif et même de le retourner en sa faveur en se montrant attentionné, compréhensif, réactif, en démontrant son intérêt pour les commentaires donnés. Si un internaute remet en cause les promesses de la marque, pourquoi ne pas faire intervenir, de manière officielle, un expert de la société qui explicite les tests conduits sur le produit et les résultats obtenus ?

8 - Tu ne te glorifieras pas d'un peu de "meta-buzz"
C'est mon obsession, que je rabâche de messages en messages (par exemple ici et ici) mais cela me semble primordial. Trop d'actions de blog marketing sont visiblement axées sur la création de buzz auprès des fans de buzz, des bloggeurs spécialistes du buzz, du marketing on-line et des blogs. L'initiative est ainsi relayée dans le circuit fermé des amateurs de buzz qui se lisent les uns les autres, sans nécessairement toucher au final la cible véritable du produit. Une réussite quantitative (beaucoup de blogs ont parlé du buzz) pour une efficacité qualitative moindre (mais peu de blogs dont les lecteurs sont réellement mes clients).

Pour des produits de beauté, il est donc évidemment essentiel que les bloggeurs impliqués en priorité (mais pas forcément exclusivement, bien sûr) soient les bloggeurs de l'univers beauté, ceux dont les lecteurs (et lectrices) viennent glaner sur les blogs des infos beauté. Mieux cibler, c'est mieux performer.

Lire également ma précédente note sur le blog marketing

[1] A lire, les notes suivantes sur le blog de Cedric :
- 3 règles à respecter dans l'utilisation des blogs
- 5 nouvelles règles pour les marques sur Internet
- Marques, n'ayez pas peur du buzz

Crédit photo : capture d'écran du défunt blog de Vichy "journal de ma peau"

7 sept. 2007

Ce n'est pas parce qu'on est nu qu'on a rien à cacher...

Je vous parlais il y a quelques temps de la marque Elave, qui fait intervenir dans sa communication une femme nue, pour appuyer leur slogan "rien à cacher". Car la marque se revendique bio, pure et saine. En partant du cas d'Elave, Mademoiselle Bio nous rappelle à juste titre qu'il peut y avoir un écart entre discours et réalité, car au-delà de ce positionnement marketing très tendance, la marque laisse un flou artistique sur ses pratiques réelles.

Total Beauty, nouvelle référence de la beauté en ligne ?

Emrah Kovacoglu, ancien de Procter&Gamble, lance TotalBeauty.com qui se veut être la plus large base de données, d'informations, de conseils et d'opinions sur les produits de beauté, en totale indépendance vis-à-vis des marques. Bien que le site vive de la publicité, l'impartialité sera le mot d'ordre, le tout reposant sur un savant mix d'opinions de consommateurs ayant des problématiques identiques aux vôtres et d'avis d'experts, y compris sous forme de vidéos. Le site capitalise sur l'importance du bouche-à-oreille en ligne comme outil marketing, à l'image de ce qui est déjà très développé sur le net dans d'autres domaines (matériel hi-fi...).


Source : Cosmetics Design

6 sept. 2007

Parfums pour homme : un premier semestre bien rempli

Le marché des parfums féminins est environ deux fois plus grand que celui des parfums masculins, et assez naturellement les marques consacre la meilleure période commerciale(septembre-décembre) à animer leurs féminins. On constate donc que les marques tendent à concentrer leurs initiatives pour homme au premier semestre, afin de bénéficier d'une meilleure visibilité, et de la période commerciale de la fête de pères (échelonnées de février à juin en Europe). Alors que, a contrario, la fête des mères n'est pas particulièrement une période de lancement pour les parfums féminins.

Le phénomène de concentration des lancements masculins au premier semestre a été particulièrement visible cette année, car 2007 a été une 'grande' année de lancement sur les masculins. Toutes les marques ou presque ont été actives : Chanel (Allure Homme Cologne Sport), Dior (Fahrenheit 32), Mugler (IceMen), Gucci (pour Homme II), Dolce & Gabbana (Light Blue for men), JPGaultier (Fleur du Mâle), Armani (Attitude), Calvin Klein (CKin2u), Azzaro (Now), Lancôme (Hypnôse Homme)... En tout 43 nouveautés contre 35 l'année précédente, une véritable déferlante concentrée sur 3 mois.

Ce n'est pas le fruit d'une longue tradition : chacun a noté le succès de Terre d'Hermès, lancé au premier semestre l'an dernier sans réellement de concurrence frontale, et tenté de profiter de l'aubaine cette année. Dommage que tout le monde ait eu l'idée en même temps...

Tendances

J'ai lu ici sur Osmoz une analyse des tendances majeures qui fédèrent ces lancements masculins, dont les plus frappantes sont à mon sens :
- en communication, des représentations masculines plutôt sexy, des poses sensuelles, lascives, des hommes qui se mettent à nu (Allure, IceMen, Gucci, Dolce&Gabbana, Gaultier, Armani...)
- une recherche de gestuelles différentes, dans les packagings (Now...) et dans les formes produit (eau de parfum, huile de parfum chez Guerlain)
- des fragrances qui explorent des territoires jadis réservés à la parfumerie féminine (notes florales, fruitées, adhéhydées...)

En terme de performance commerciale en France, aucun de ces parfums n'a pour le moment été consacré comme LA réussite incontestable de ces derniers mois. Beaucoup ont grimpé dans les charts quelques semaines avant de redescendre dans les classements. Faut-il s'en étonner ? Comment émerger, comment se faire connaître, comment créer l'évènement quand on est un lancement parmi des dizaines d'autres ?

Paradoxalement le second semestre pourrait paraître en comparaison bien sage sur les masculins, ce qui pourrait profiter aux nouveautés de septembre (Kenzo, Calvin Klein, Lacoste, Boss...).

Crédit photo : publicités Armani, JPGaultier et Dolce&Gabbana réunies par Osmoz

Comme un camion : "Les marques doivent avant tout avoir foi en leurs produits"

Depuis octobre 2004, le blog Commeuncamion.com permet aux hommes de se tenir au courant des dernières tendances de la beauté et de la mode au masculin, jusqu'aux techniques de séduction, sur un ton direct et volontiers décalé. Le blog a ainsi accueilli 130 000 lecteurs par mois en 2007 (chiffres Médiamétrie). Joe dit "le démonte-pneu", "chef de chantier", fondateur et animateur en chef du blog, a bien voulu répondre à mes questions.

Comment est né le blog ?
La création de Commeuncamion.com, c'est avant tout l'expression d'une passion pour les nouvelles technologies et l'échange. Le thème est venu par la suite : il m'est apparu en confrontant mes intérêts à ce qui me semblait peu abordé, ou du moins, d'une manière qui ne me satisfaisait pas.

Qu'est-ce qui fait la valeur ajoutée de Commeuncamion.com ?
J'ai voulu aborder le sujet de la mode masculine et des conseils beauté, de manière simple, avec un regard critique, et en me basant sur une spécificité forte du média Internet : l'interactivité. Le contenu de Commeuncamion.com est avant tout celui des lecteurs. Les réactions, les avis positifs comme négatifs font partie intégrante de l'information proposée. Il y a un échange permanent entre les lecteurs et moi, et les lecteurs entre eux. Beaucoup de sujets sont abordés suite aux suggestions mails de lecteurs. Moi, je suis l'animateur, le chef d'orchestre. Ou plutôt le chef de chantier comme j'aime à me définir !

Le sujet des cosmétiques fait partie des débuts du site. J'utilise personnellement des soins pour homme depuis une petite dizaine d'années. Et j'ai voulu faire partager mon expérience en publiant des avis sur les produits que j'avais testé, et que je continue de tester. Le style est simple et direct.

J'essaie au maximum de décrire l'expérience que j'ai faite d'un produit. Je les ai tous testé au moins sur 2/3 semaines avant d'en parler. Je ne voulais pas me limiter à une liste de course comme on en trouve le plus souvent : untel a sorti ça, c'est plein de bonnes molécules, ça coûte tant, à telle adresse, point. Sur Commeuncamion.com, le produit est véritablement jugé, et en permanence par tous les lecteurs qui témoignent tour à tour de leur expérience.

Les visiteurs du blog semblent-ils plutôt des connaisseurs, ou sont-ils plutôt perdus dans la jungle de la beauté au masculin ?
Les expériences sont multiples. Certains débutent et sont vraiment à la recherche d'infos, de conseils, sur par exemple la manière d'optimiser son rasage ou l'utilisation d'un autobronzant, et de recommandations sur les marques. Certains ont déjà testé des produits du même type et peuvent échanger sur des éléments de comparaison. Certains sont plus aguerris et font part de leur conseils. C'est un échange permanent, sur le blog, et sur le forum !

Comment jugez-vous l'offre des marques de cosmétiques destinée aux hommes ?
Les marques sont à présent très nombreuses sur le secteur du soin pour homme, des plus connues aux moins connues, et proposent une large gamme aussi bien pour le débutant que l'expert. Je pense qu'on n'a plus grand chose à envier aux femmes à ce niveau-là.

Au fond, les marques savent-elles parler aux hommes ?
J'ai encore le sentiment qu'elles s'adressent plus aux femmes qu'à nous dans leur communication. Si l'on cite Nickel, leur succès est sans aucun doute basé sur cette communication plus masculine : simple et légèrement triviale.

Les marques de beauté sont-elles suffisamment présentes sur les blogs ?
Les marques sont peu présentes sur les blogs. Je pense qu'elles sont frileuses car il y a une prise de risque. Cela représente un challenge nouveau. Contrairement aux médias traditionnels, le récepteur a les moyens de réagir, de s'exprimer. Et évidemment c'est à double tranchant : si les réactions à un produit sont majoritairement positives, cela influencera considérablement l'ensemble des récepteurs car il s'agit d'avis de consommateurs. A l'inverse, évidemment, des critiques nombreuses en décourageront plus d'un à se diriger vers ce produit. Les marques doivent avant tout avoir foi en leurs produits, avoir cette volonté d'affirmer leurs forces, et intégrer ou faire appel à de nouvelles compétences pour gérer cette nouvelle relation avec le consommateur. Et plus Internet prendra d'importance, plus celles qui sauront relever ce défi pourront se différencier.

Justement, des réseaux comme Influence dont Commeuncamion.com fait partie peuvent-ils aider les marques à mieux appréhender l'univers des blogs ?
Commeuncamion.com fait effectivement partie du réseau Influence. Il s'agit d'une régie publicitaire qui présente comme particularité d'avoir une expérience importante dans la gestion des communautés. Ils ont pour cela une certaine légitimité à proposer une rencontre entre le bloggeur et l'annonceur. Les spécificités du blog sont prises en compte, et le bloggeur est consulté pour le choix des annonceurs et des formats souhaités. Pour ma part je refuse par exemple les pop-up ou tout autre format intrusif qui détournerait les lecteurs de l'essentiel : le contenu !

Commeuncamion.com est-il un magazine en ligne ?
Pour moi, un blog est un blog. Et Commeuncamion.com reste un blog même si il y a plusieurs contributeurs, plusieurs thémes abordés, un minimum d'organisation éditorial, et un peu plus de 2 lecteurs à présent. C'est juste un bon gros blog de mec !

Vivez-vous de votre blog ?
Je n'en vis pas mais si quelqu'un souhaite me faire un virement bancaire tous les mois, je tiens un rib à sa disposition !

Avis aux bienfaiteurs ! Merci à Joe de s'être prêté au jeu des questions/réponses, et n'oubliez pas d'aller faire un tour sur Commeuncamion.com

4 sept. 2007

Roxy et Inter Parfums misent sur le buzz !

Buzz marketing pour Roxy

L'agence Vanksen, via son blog dédié au buzz Culture-Buzz, fait la promotion de son opération de buzz pour les parfums Roxy, la version féminine de Quicksilver. Un blog présente le parfum (le nez, les ingrédients...) et l'univers Roxy (infos sur les surfeuses, les compétitions...). Un jeu-concours permet de gagner un séjour à Biarritz sur le thème du surf. Une bannière permet aux bloggeurs de promouvoir l'opération sur leur blog. En parallèle, le pôle "influenceurs" de Vanksen, Buzz Paradise, a adressé à 50 bloggeuses un Buzzkit comprenant la gamme Roxy (parfum et dérivés) et autres goodies de la marque. Classique, mais efficace : 50 bloggeuses bien sélectionnées qui reçoivent en même temps le même produit, cela crée naturellement un peu de buzz sur les blogs.

Un buzz d'un genre différent pour Inter Parfums

Ce qui m'a le plus frappé, c'est le buzz 'financier' qu'a cherché à créer, nettement plus en amont, la société Inter Parfums lorsque la licence Quicksilver-Roxy a été acquise en 2006, auprès d'un public plus averti : analystes financiers et professionnels de l'industrie cosmétique. La licence Burberry représente près de deux tiers du chiffre d'affaires total d'Inter Parfums, et en 2004, lorsque les accords ont trainé en longueur et terminé au désavantage d'Inter Parfums avec une revue à la hausse de sa redevance vis-à-vis du britannique, la société a mis les bouchées doubles pour identifier de nouvelles marques génératrices de profit et de chiffre d'affaires. Quicksilver a le mérite d'offrir une alternative grand public, plus mass market que luxe, à d'autres licences plus haut de gamme (Burberry, Lanvin, Van Cleef, Christian Lacroix...).

Roxy est certes une marque établie mais n'a pas la même notoriété que sa société mère Quicksilver, pourtant Inter Parfums en a fait un puissant instrument de communication auprès des marchés financiers pour rassurer les investisseurs et montrer qu'il était possible de réduire sa dépendance vis-à-vis de la marque. Autant dire que le succès des parfums Roxy est une étape essentielle, en terme d'image, dans la stratégie de la société.

Crédit photo : image issue du site d'Olivier

Pepsi Light parfume les filles

C'est la grande tendance du regendering, la re-sexualisation de l'offre avec d'un côté des produits clairement pour homme et de l'autre leurs homologues ciblant clairement les femmes, avec un mix distinct clairement différencié.

Ainsi, quand Coca cible les hommes avec Coca Zéro, Pepsi réplique en ciblant les femmes avec Pepsi Light avec un petit format 25ml plus élancé, une fine touche de rose sur le pack, et une communication très glamour, faisant directement référence au parfum.

Pepsi Light suscite d'ailleurs un certain intérêt dans la blogosphère, par exemple ici, ici, ici et . Et vous, êtes-vous sensibles à ces discours par genre homme/femme ?

Crédit photo : Pepsi

3 sept. 2007

Le robot qui fait buzz

J'étais passé à côté du buzz, mais j'ai profité des résultats ! Certains bloggeurs (Buzzy Notes, Olivier, Jeff, Journal du Geek... ) ont reçu il y a quelques semaines un premier courrier-gag, parodiant les offres type Editions Atlas ("le premier élément et son fascicule pour x€ chez votre marchand de journaux...") : les prétendues éditions Del Alto proposait ainsi de construire un robot. En cadeau, le premier élément : un boulon ! Les bloggeurs, parfois un peu perplexes, ont flairé à juste titre le début d'une opération de buzz, sans pour autant démasquer la marque qui en était à l'origine. Sympathique attention : chaque envoi était personnalisé selon les codes graphiques des blogs ciblés. Un film pour le moins énigmatique accompagnait le tout.



Le dernier envoi, dont j'ai eu la chance d'être également destinataire, dévoilait le secret : le colis contenait non pas la deuxième pièce du robot tant attendu mais le nouveau rasoir issu de la collaboration de cobranding de Philips et Nivea for Men, une innovation permettant d'associer la praticité d'un rasoir électrique, le confort d'un baume de rasage combiné à la simplicité de pouvoir se raser sous la douche. Quelques réactions finales sur les blogs de whiteblog, tiblond, guim...

Et le fameux robot est en fait le pivot central de la campagne publicitaire :


Film publicitaire du rasoir hydratant Philips NIVEA FOR MEN

L'opération se poursuit avec le site Robot Skin, sur le thème d'un futur proche peuplé de femmes-robot spécialistes du rasage (?), des épisodes scénarisés dans un graphisme BD assez moderne, et également une histoire "dont vous êtes les héros" permettant de piéger ses amis dans un esprit viral.

Un souci de cohérence ?

Le buzz semble avoir été un succès, largement repris sur les blogs justement spécialisés dans le relais de buzz : c'est ce que j'appelle du meta-buzz (le buzz sur le buzz, relayé de blogs de buzz en blogs de buzz, avec le risque d'être en revanche déconnecté du consommateur final). Cependant, simple et efficace, l'opération est solide, avec ce qu'il faut de relais pour la faire durer dans le temps et attirer de nouveaux internautes. Mais, comme pour la campagne buzz du rasoir Bic, je me pose la question de la cohérence.

L'idéal serait évidemment que l'opération de buzz et le site interactif soient d'une parfaite cohérence avec le mix produit et notamment la campagne publicitaire. Cela permettrait d'ailleurs plus facilement de renvoyer l'internaute d'une opération vers l'autre : en théorie, il entend parler du buzz sur un blog, auquel répond parfaitement la pub, naturellement prolongé par le site interactif. Bien sûr, ce n'est pas évident, il est par exemple difficile de sortir de l'équation "buzz=humour".

Et de fait, quel lien entre la parodie des éditions Atlas qui joue sur des ressorts somme toute assez triviaux, quand à l'inverse la publicité est une mise en image plutôt sophistiquée et conceptuelle de l'univers du produit ? De même, en quoi l'univers graphique du site est-il celui ambiance 3D de l'annonce ? On a le sentiment d'être davantage devant 3 communications différentes (qui pourraient d'ailleurs concerner des produits différents) que devant une seule et même campagne. Pas sûr que le consommateur exposé aux unes et aux autres fasse le lien entre elles. Dommage, car chacune des actions a ses avantages, et qu'à mieux choisir son camp on démultiplierait l'impact global de la campagne. On minimise souvent l'impératif de cohérence au nom de l'efficacité individuelle des différents supports, alors que c'est le résultat global qui devrait prévaloir.

Je termine par un avis sur le produit lui-même, dûment testé : le rasoir est pratique et ergonomique, le baume permet bien d'éviter les éventuelles irritations dues au rasage éléctrique, en bref, un bon produit, plutôt destiné aux barbes habituellement faciles à raser.

Quizz de l'été : les réponses !

Merci à tous ceux qui ont participé au quizz de l'été et mesuré leurs connaissances sur les parfums et cosmétiques. Ok, il n'y avait a priori rien de sorcier, néanmoins, bravo à tous ! Comme promis, j'ajouterai les réponses reçues par mail dans les commentaires du quizz. Et voici les réponses :

1 - Quel baron du jetable a connu un immense échec en tentant de lancer un parfum en 1988 ? Je faisais référence au fameux flop du parfum Bic

2 - Quel soin anti-âge promet d'être "plus belle aujourd'hui qu'à 20 ans" ? Il s'agit de la ligne Capture Totale de Dior, dont Sharon Stone est l'ambassadrice.

3 - Quelle chaîne de parfumeries pouvez-vous apprendre à gérer avec un jeu de monopoly ? Il fallait penser au jeu de monopoly Sephora.

4 - Quel parfum portera Kate Winslet dès septembre ? Lancôme a choisi Kate Winslet pour la nouvelle campagne Trésor.

5 - Quelle marque affiche son Mépris avec son dernier rouge à lèvres ? Pour Rouge Allure, Chanel rend hommage au Mépris de Jean-Luc Godard dans le dernier film publicitaire.