28 mars 2009

S'il n'en reste que deux...

C'est NPD US qui le dit : dans le marasme économique qui s'est emparé de toute l'économie américaine - et mondiale - fin 2008, et en particulier le marché des soins visage et corps, deux catégories ont pu tirer leur épingle du jeu. Surprenant, ou pas surprenant, selon le regard qu'on leur porte.

D'un côté, le bio : oui, si le consommateur fait une croix sur pas mal d'achats superflus s'agissant de son apparence, le bio apparait encore une valeur refuge, authentique, une réponse éthique au "sur-consommer" (et "mal consommer").
Et à l'autre bout de la chaine, le premium (la catégorie démarre pour NPD à 70$, ça reste donc à nuancer), l'ultime achat plaisir, le dernier rempart du luxe accessible quand il faut oublier le reste - la mode, les montres, la joaillerie...?-.

Bref, il va falloir se mettre au premium bio...

18 mars 2009

Quand la cosmétique se fait sociologue... ?

Les journalistes sont toujours friands de grands courants sociétaux pour donner plus de profondeur aux articles beauté : c'est sûr, c'est plus valorisant de parler d'un rouge à lèvre quand il nous révèle un changement profond de notre société ! Les marques ont donc pour habitude de surfer, voire de créer ces grands courants.

Nouvel exemple avec le NOVOCASUAL, largement repris sur les blogs. L'Oréal Paris annonce l'avènement d'un nouvel homme tout beau tout propre tout réconcilié avec lui-même après le métrosexuel, l'übersexuel et divers autres avatars, et incarné par l'acteur Patrick Dempsey pour la marque. Ici ou , on apprendra ainsi que l'homme nouveau est "débarrassé du carcan imposé par des modèles machistes ou ultra féministes", "réconcilié avec toutes ses composantes identitaires essentielles : virilité, créativité, sensibilité, séduction, et charisme", "aussi à l'aise dans les soirées VIP qu'au supermarché avec ses enfants, soigné mais décontracté". Vaste programme !

Le paradoxe à mon sens, c'est que ce nouvel (?) archétype et sa nouvelle égérie vont ainsi soutenir le lancement d'une gamme de soins hydratants spécial peau sensible, Men Expert Hydra Sensitive. C'est-à-dire, du point de vue des évocations, que l'homme décomplexé, décontracté, bien dans sa peau, est en fait un grand inquiet des agressions extérieures, des petites rougeurs etc... Au final, c'est dommage, le courant sociétal n'apparait pas parfaitement en affinité avec le produit promu. Désolé, personne n'est parfait. C'est le paradoxe du prince charmant - pardon, du novocasual.

Crédit photo : ici

11 mars 2009

Marques de luxe : à la recherche de la nouvelle star

En ces temps troublés, les grands groupes annoncent pertes, baisse d'activité et réductions d'effectifs, le bio et l'éthique rappellent que parfois "small is beautiful". Bref, l'occasion est trop belle de se demander quelles sont les stars de demain prête à prendre la relève des vieilles dames (fatiguées ?) qui contrôlent aujourd'hui l'industrie du luxe et de la beauté. Deux articles ont sur ce sujet attiré mon attention.

La relève du luxe sera britannique (ah bon ?)

Cosmeticnews relate les conférences Beauty Focus britannique. Jonathan Ford, de l'agence Pearlfisher, explique que la voie du succès pour les marques challenger est de devenir des marques iconiques. Ces challengers sont définies comme des icônes qui n'ont pas exprimé leur plein potentiel, tels - selon lui - King of Shaves ou Nude. La génération précédente de marques devenues icones sont Aveda, Eve Lom, Jo Malone et Shu Uemura. Les grandes icônes comme Nivea et Estée Lauder sont partie intégrante de notre culture beauté et apparaissent non comme les meilleures mais comme des références incomparables et irremplaçables. Tout de même, c'est amusant de voir que, pour les britanniques, les marques du futur sont britanniques ;-)

La relève du luxe sera française (ah bon ?)

Dans le même esprit, l'excellent blog de La Journaliste nous dévoile une étude française confidentielle sur les "marques millenium". La méthode s'apparente à du trendspotting : des observateurs ont été envoyés dans les soirées hype (Paris, Londres, NY...) pour relever la garde-robe idéale des happy fews. Surprise (ou pas ?), aucun sac Vuitton ou Chanel, aucune grande institution du luxe. En revanche, la même observation sur des soirées en province (ou dans le métro) donne un tout autre effet : ces marques gardent toute leur aura. Moralité : les grandes marques, ringardisées ne sont plus tendance.

A l'inverse, des marques de luxe émergentes deviennent les nouvelles références, ce sont les 'marques millenium', incarnant le luxe actuel. Belles matières, esprit de création, pas ou peu de marketing. Christian Louboutin, Roger Vivier, Serge Lutens, Diptyque, Goyard, et Pôme ferait partie des heureuses élues. Je note que deux marques de l'univers parfum, Serge Lutens et Diptyque, figurent dans ce 'palmarès' prometteur ! Tout de même, c'est amusant de voir que, pour les français, les marques du futur sont françaises ;-)

La relève du luxe n'est pas nécessairement la relève des parfums et cosmétique

Oui, le monde change. Oui, il y a les marques historiques et les nouvelles. Oui, il y a les vraies marques tendance et celles qui cherchent à le rester. Mais, et sans rien retirer à l'intérêt de l'étude ci-dessous, ne confondons pas hype et succès commercial, et plus encore, mode et cosmétique.

La mode peut connaître un vrai succès en étant connu d'une élite. Le parfum et la cosmétique, qui sont des secteurs grand public, dépendent aussi de l'étendue de la notoriété de la marque. Il faut être connu de madame-tout-le-monde ! Nombreuses sont les marques très poussiéreuses qui continuent à connaître un vrai succès en parfumerie, tandis que des marques de mode ultra-tendance, déclinées en parfum, prennent la poussière dans les linéaires. C'est une chose de faire un carton fashion rue du Faubourg Saint-Honoré, et c'en est une autre de bien performer dans une parfumerie à Audierne ou à Tourcoing. Deux publics, deux aspirations différentes. Chacun son métier ?

Crédit photo : Diptyque

6 mars 2009

Twitter fait le beau

On parle beaucoup de Twitter, après My Space et Facebook, comme le nouvel incontournable du buzz marketing pour les marques. Pour rappel, Twitter est un outil de micro-blogging qui permet à l’utilisateur d’annoncer en temps réel à son réseau chacune de ses micro-actions du jour, un peu comme si le bloggueur envoyait en continu des sms racontant chaque fait et geste.

A première vue, ça m'apparaissait comme un terrible ego-trip ! Qui a une vie suffisamment passionnante pour qu'on veuille la suivre minute par minute ? Mais il faut se rendre à l'évidence, le succès est là ! J’ai lu ici que Twitter a connu une croissance de +752% en 2008, et compte aujourd’hui 5 millions d’utilisateurs. Culture Buzz souligne que Twitter réunit une communauté de personnes ultra-connectées, à l’affût d’infos pointues , bref, les parfaits early adopters pour générer du buzz. Inévitablement, Twitter devient une plateforme de communication : Barack Obama y a rendu compte en temps réel de sa campagne, Dell y dialogue avec ses consommateurs, Renault fait la promotion de ses évènements, un restaurant texan y annonce ses plats du jour etc… « Twitter s’affirme comme un espace idéal pour rencontrer ses clients, améliorer le référencement d’un site internet, d’un blog, garder le contact avec ses prospects ou encore créer son propre intranet et partager des informations » . Même le Dalaï Lama s’y est mis [1]!

Quelle opportunité pour la beauté ? Et plus encore, pour le luxe, peu habitué à envoyer des micro-news à ses consommateurs et plutôt adepte de belles envolées lyriques ? Encore faut-il avoir quotidiennement matière à s’exprimer !

Pionnier de Twitter, MAC Cosmetic montre la voie en utilisant l’outil pour communiquer sur les évènements auxquels les makeup artists de la marque participent. Pour chaque défilé de mode, les maquilleurs twittent leurs faits et gestes, leurs astuces maquillage en temps réel, rendant l’espace confidentiel du backstage accessible à tous. Une façon maligne de relayer une présence dans l’univers (féérique ?) des défilés qui, sinon, passerait totalement inaperçue. A titre d’exemple, près de 175 défilés sont ainsi concernés durant la saison Printemps / Eté 2009.

Aujourd’hui où les marques cherchent à créer un lien avec les consommateurs, à démontrer leur dynamisme et leur actualité, à faire partager leurs coulisses, Twitter constitue une opportunité intéressante pour inaugurer une nouvelle expérience de marque. A mon sens, c'est particulièrement adapté pour rendre compte d'un évènement (ou une série d'évènement), sans toutefois remplacer un discours institutionnel plus solide. Mais cette vision est très restrictive, tant les usages sont multiples : dialogue avec les consommateurs, avec les journalistes, en interne etc... Ce n'est pas non plus exempt de danger : et si on découvrait que les marques… n’ont rien à dire ??

Pour les marques intéressées, Culture Buzz énonce ici quelques règles : être généreux (apporter un service), être transparent (il ne faut pas se cacher), amener de la valeur (apporter un VRAI service), cibler le bon réseau (la bonne communauté), écouter avant de parler (il s'agit d'un espace de dialogue et de conversation). Comme on le dit souvent, c'est ce dernier point qui pose le plus problème au luxe, très ancré dans une communication traditionnelle de la marque vers le consommateur. Alors, prêts à twitter ?

Source photo : Culture Buzz

[1] Mise à jour : voir dans les commentaires : le twitter du Dalaï Lama était un canular

4 mars 2009

Yves Rocher fait son CHAUD

C'est à mes yeux la grande surprise de ce début d'année : Yves Rocher annonçait un repositionnement ferme sur le naturelet voilà que son nouveau film institutionnel parle de... sexualité. Evidemment pas de porno chic, il s'agit d'une vision tendre mais néanmoins très sexy de la vie sexuelle des femmes (et des hommes...).

La marque s'est exprimé ces derniers mois au travers d'un slogan définitif, "créateur de la cosmétique végétale", destiné à rappeler son rang dans le contexte de poussée du bio, et accompagné d'un grand relooking des boutiques détaillé ici.

La route semblait toute tracée, mais la marque a choisi de surprendre avec ce film qui lie bénéfices cosmétiques (éclat, élasticité de la peau, bien-être....) et une sexualité épanouie ! J'ai tendance à penser que pour Yves Rocher, c'est un joli coup de pub, qui vient bousculer quelques codes bien établis sans trahir pour autant les fondamentaux de la marque. A vous de juger :

Vu sur www.toutlefilm.com